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Matteo Salvini, le ministre italien qui refuse d'accueillir les migrants et crie victoire

Matteao Salvini, à Pozzallo.

Matteao Salvini, à Pozzallo. - Carmelo Lenzo / AFP

Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur italien, n'a pas hésité à jubiler publiquement ce lundi après que son gouvernement a refusé d'accueillir un bateau transportant 629 migrants secourus dans la Méditerranée. L'homme politique concrétise son discours anti-immigration.

Parmi les 629 migrants que compte l'Aquarius, on dénombre notamment 123 mineurs isolés, 11 enfants en bas âge et sept femmes enceintes. Tous ont pour point commun d'avoir été secourus par ce navire de l'ONG SOS Méditerranée au large de la Libye. Malte et l'Italie ont refusé durant ce week-end d'ouvrir un de leurs ports à ce bateau surpeuplé et menaçant de tomber à cours de vivres. Le nouveau gouvernement espagnol a finalement proposé lundi en début d'après-midi à l'Aquarius de mouiller dans la rade de Valence. 

Salvini y voit une "victoire" 

Pour le leader de la Lega, parti d'extrême-droite partie prenante de la coalition qui vient de prendre la tête de l'Italie, désormais ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil, Matteo Salvini, ce drame humain est, visiblement, avant tout un succès politique. A l'annonce de la solution espagnole, il a tout d'abord publié sur Twitter un message commençant par "VICTOIRE" capital. 

Dans un autre tweet, il a développé son point de vue, comme l'a traduit ici L'Express: "Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON". Le hastag final proclamait: #NousFermonsLesPorts

Il veut expulser 500.000 personnes 

Il reprenait ce qui avait été l'une de ses déclarations lors de sa première allocution en tant que membre du nouveau gouvernement transalpin: "Nous ne serons pas le camp de réfugiés de l'Europe". L'homme politique donne donc une réalité à son programme de campagne. Dans une interview accordée en janvier dernier à la presse italienne, et relayée notamment par le Telegraph, il se faisait fort d'expulser 500.000 clandestins durant la mandature qu'il cherchait à obtenir, dont 100.000 dès la première année. "Il y a un demi-million de migrants irréguliers en Italie. Tous doivent être renvoyés chez eux", avait-il dit. 

Le 3 juin, il étrennait son nouveau titre au centre d'identification de migrants de Pozzallo en Sicile, où il était venu soutenir des candidats de la Lega à des municipales sur l'île. Sur place, comme la veille au soir dans un meeting, il a lancé: "Le bon temps pour les clandestins est fini: préparez-vous à faire vos valises". Il annonçait d'ailleurs la couleur en complétant: "Aucun vice-passeur ne doit accoster dans les ports italiens". Les "vice-passeurs", dans l'esprit du vice-président du Conseil des ministres italien, ce sont les ONG s'occupant de sauver les migrants en détresse entre les vagues de la mer méditerranée. 

"Un bon coup de ciseaux" 

L'objectif qu'il a assigné à la politique migratoire de l'exécutif a toutefois un coût. Dans la mesure où selon Frontex, une expulsion représente 3.000 euros, il lui faudrait dégager 1,5 milliard d'euros. Mais là encore, il prétend avoir une réponse. Il a ainsi demandé, ont rapporté Les Echos, un "bon coup de ciseaux dans les cinq milliards d'euros" environ dévolus annuellement à l'accueil des demandeurs d'asile. 

Après un accord passé par le précédent cabinet italien avec les libyens, le nombre de migrants en provenance de la Libye s'est écroulé de plus de 75% depuis l'été 2017. Cependant, l'Italie a enregistré les arrivées de 13.500 de migrants sur son sol depuis le début de l'année. Et Matteo Salvini n'a de toute façon pas prévu de baisser le ton. "C'est un pays libre et démocratique qui ne nous exporte pas des gentlemen mais des criminels", a-t-il dit récemment au sujet de la Tunisie, pays où il a prévu de se rendre. 

En revanche, mardi dernier, Matteo Salvini ne s'est pas déplacé au Luxembourg où se tenait un conseil des ministres de l'Intérieur européens. Il devrait expliquer ses vues à ses homologues à Innsbruck, en Autriche, en juillet prochain. 

Robin Verner