Haro sur Virginie Calmels chez les Républicains

Pour avoir publiquement critiqué le tract des Républicains distribué lors d’une opération militante, la numéro 2 du parti a été, ce mardi matin, sèchement recadrée par les siens.

 Virginie Calmels, ici en janvier 2017, a passé un mauvais quart d’heure ce mardi matin lors d’une réunion de direction LR.
Virginie Calmels, ici en janvier 2017, a passé un mauvais quart d’heure ce mardi matin lors d’une réunion de direction LR. AFP/Nicolas Tucat

    Réunion sous haute tension ce matin au dixième étage des Républicains! Quelques jours après ses prises de distance contre le fameux tract « Pour que la France reste la France », accusé de trop ressembler à un document de propagande du Rassemblement national (ex-FN), Virginie Calmels, la vice-présidente de LR, a dû se justifier devant les siens à l'occasion de la traditionnelle réunion de direction, organisée chaque mardi rue de Vaugirard à Paris (XVe arrondissement).

    « Ce n'était pas la foire d'empoigne, mais c'était quand même hypertendu. On avait parfois l'impression qu'elle voulait aller au clash », raconte un participant. Sur le fond, Virginie Calmels a redit ce qu'elle avait déjà expliqué ces derniers jours dans les médias, condamnant finalement moins le slogan et l'usage du drapeau tricolore sur l'affiche, que le fait de ne pas avoir été associée à son élaboration. « Mais on l'a fait valider sur le compte WhatsApp de l'équipe de direction. Tu as dû forcément le voir ! » l'a tancée un parlementaire, pendant que Laurent Wauquiez laissait ses chevaux légers aller à la charge à sa place.

    « Tu n'as pas fait le choix de la sincérité »

    « Moi non plus je n'étais pas d'accord avec certaines choses dans ce tract. Mais je n'ai rien dit », a ainsi remarqué le député Damien Abad. « On peut avoir des divergences. Mais il y a des instances internes dans le parti qui permettent de s'exprimer, sans avoir le besoin de tout déballer dans les médias ! », a renchéri Jean Leonetti, président du conseil national des Républicains, connu pour sa modération. « On en a marre des critiques et des attaques de personnes ! Ça décourage nos militants sur le terrain », a enfoncé la, d'ordinaire si calme, Annie Génevard, secrétaire générale de LR.

    Pour sa défense, Calmels a réaffirmé sa fidélité au patron du parti. « A ceux qui me soupçonnent de la jouer perso, je rappelle que j'ai participé à l'élection de Laurent. On a formé un tandem pour aller à la victoire », s'est-elle défendue, selon des propos rapportés par plusieurs participants. « Oui, tu as dû lui amener 0,001 %… Et ce n'est pas toi qui as été élue », a renvoyé, sarcastique, le député Éric Ciotti, avant de laisser la parole à Wauquiez : « Moi j'ai été élu sur une ligne claire. Je pense profondément que les valeurs de la droite doivent être réaffirmées. J'ai été élu sur cette ligne-là », a-t-il lancé, avant de s'en prendre plus personnellement à sa numéro deux : « Tu n'as pas fait le choix de la sincérité. Mais un choix individuel et personnel, plutôt que collectif. Pour nos militants, tu as le devoir de jouer collectif ».

    «Donc, un parti du 21ème siècle, c'est un parti avec une ligne définie par son président et rien d'autre ? C'est ça la modernité ?, avait-elle rebondi juste avant ce propos. Je ne suis pas là pour diviser, mais il faut comprendre que je ne peux pas cautionner un tract que j'avais certes vu, mais que je n'avais pas validé. Ma marque de fabrique, c'est l'authenticité, je dis les choses ». «Mais il n'y pas de surprise sur la ligne. Laurent Wauquiez a toujours été clair pendant la campagne pour la présidence. Donc il n'y a pas de sujet », balaie la porte-parole de LR, Lydia Guirous. Voire...

    «On accuse Virginie de diviser, et quand Thierry Mariani parle de rapprochement avec le FN, Wauquiez ne s'indigne pas et ne condamne pas. C'est tout de même deux poids deux mesures », s'indigne un membre du bureau politique, solidaire avec la maire-adjointe de Bordeaux. Reste qu'avec cette polémique, Virginie Calmels voit s'éloigner l'hypothèse de décrocher la tête de liste aux prochaines élections européennes. « Va falloir qu'elle fasse un gros gros effort, mais c'est mal barré ! », jure un cadre LR. Tandis que d'autres échafaudent déjà l'hypothèse d'un départ : «Comme elle ne va pas avoir l'investiture, elle cherche une porte de sortie par le haut en disant que comme ses valeurs ne sont portées, elle pourrait partir. C'est ça l'histoire ! », assure un baron du parti. Réponse dans les prochains jours, ou les prochaines semaines. Peut-être à l'occasion du conseil national du 30 juin à Menton (Alpes-Maritimes), où il sera question de la ligne des Républicains aux européennes. Un autre sujet de crispation potentiel.