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3,6 millions de Français fragiles financièrement

Les banques ont mis en place des dispositifs d'aide à la gestion du budget pour les personnes fragiles 87397544/thodonal - Fotolia

Depuis 2013, faute d'information suffisante, seuls 10% des personnes en situation de difficultés financières ont bénéficié de l'offre bancaire spécifique. En revanche, le nombre de personnes surendettées baisse fortement.

Les chiffres paraissent impressionnants. En un an, le nombre de personnes en situation de fragilité financière a augmenté de 1,2 million, selon le rapport annuel de l'Observatoire de l'Inclusion bancaire mis en place en 2013 dans le cadre de la loi de séparation et de régulation des activités bancaires. Cette évolution concerne surtout La Banque Postale «du fait de son engagement social», est-il précisé.

Au total, environ 3,6 millions de Français sont dans cette situation. Toutefois, cette forte augmentation est trompeuse. «Il ne s'agit pas d'une dégradation de la situation, mais d'une amélioration du recensement des personnes en situation de fragilité financière», explique François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, président de l'Observatoire. «La Banque Postale a fait un gros effort pour repérer ces personnes». Pour estimer le nombre de Français fragiles financièrement, l'Observatoire s'appuie désormais sur deux critères réglementaires: elle prend en compte les personnes ayant été confrontées à des incidents graves de paiement (surendettés, inscription aux fichiers d'incidents de paiement) et ayant de faibles revenus (ou autres critères faisant apparaître une forte fragilité).

320 euros de frais bancaires par an en moyenne pour les plus fragiles financièrement.

Ces personnes paient en moyenne 320 euros de frais bancaires par an (150 euros de commissions d'intervention et 230 euros de frais de rejet). Cette moyenne, élevée, cache d'importantes disparités d'un établissement à l'autre (et d'une personne à l'autre).

Depuis 2013, les personnes en grandes difficultés financières peuvent pourtant souscrire une offre spécifique, proposée par les banques. Elle comprend un ensemble de services bancaires courants, facturés 3 euros par mois au maximum (hors incidents). Et le plafond des «commissions d'intervention», autrement dit les frais liés à tout incident de paiement, est plafonné à 20 euros par mois (contre 80 euros habituellement).

Or, à la fin de l'année dernière, 351.000 offres spécifiques avaient été souscrites (+40% par rapport à 2016). Mais seuls 10% des clients fragiles éligibles en ont bénéficié, souligne l'enquête. «Cela n'est suffisant», souligne François Villeroy de Galhau. Cette offre reste mal connue des bénéficiaires potentiels. Dans ce contexte, l'Observatoire explique avoir «adopté fin 2017 des préconisations visant à ce que les banques mettent en place une organisation et des moyens renforcés» de diffusion et de promotion de l'offre spécifique, tout en mettant l'accent sur la formation «systématique» des collaborateurs. «Il y a aussi un effort de promotion et d'information sur l'offre spécifique (à fournir) par les associations», a précisé François Villeroy de Galhau.

Aide spécifique des banques

Certaines banques, comme la Banque Postale, le Crédit Agricole et les Caisses d'Épargne, établissements qui compteraient le plus grand nombre de personnes fragiles ont aussi conçu ces dernières années des solutions leur permettant de les détecter. «Depuis 2013, nous avons mis en placer des dispositifs nous permettant de détecter en amont les clients rencontrant des difficultés passagères ou durables», explique Mouna Aoun, responsable des clientèles «Mass Market et spécifiques» à La Banque Postale, dont 100.000 clients ont bénéficié depuis 2013 . «Nous aidons ces personnes à gérer leur budget, à calculer ce qu'elles doivent conserver comme reste à vivre tous les mois. Nous les informons des prestations sociales auxquelles elles ont droit. Pour faciliter les échanges, nous avons mis en place une plateforme téléphonique, L'Appui, avec 32 chargés de clientèle», précise Mouna Aoun.

L'essor des banques en lignes ouvertes aux interdits bancaires fait baisser les procédures de droit au compte .

Au chapitre des bonnes nouvelles, l'Observatoire s'est félicité d'une nouvelle baisse des procédures de droit au compte: elles ont reculé de 12% sur un an (50.100), grâce aux «efforts fournis par les banques et au développement des offres alternatives», s'est félicité François Villeroy de Galhau. Ces dernières années, plusieurs offres bancaires en ligne (Compte Nickel, C-Zam de Carrefour) accessibles aux interdits bancaires (il est impossible avec ces formules d'être à découvert) ont vu le jour. Et permis à davantage de Français d'avoir un compte bancaire (il y a un an, ils étaient 500.000 à ne pas en avoir).

En parallèle, le nombre de dossiers de surendettement présenté aux commissions compétentes a baissé de 7% en 2017, à 181.000, et affiche un repli de 22% depuis 2014. Cette tendance se poursuit en début d'année. Par ailleurs, diverses mesures ont permis de faire gagner en moyenne trois mois dans le traitement des dossiers.

3,6 millions de Français fragiles financièrement

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4 commentaires
  • mistophore

    le

    Macron digne successeur de Hollande coûtent aux classes moyennes et aux retraités « un pognon dingue » et sans effet autre que négatif.

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