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ChroniqueComment une fausse nouvelle est devenue l'article le plus partagé à propos du G7

Sur un fond ressemblant au drapeau américain, un homme, vêtu d'un complet bleu, se croise les doigts derrière le dos.

L'article vise un auditoire hostile envers le président Trump pour générer des clics.

Photo : Getty Images

CHRONIQUE - Vendredi dernier, alors que tous les médias du monde rapportaient ce qui se passait au sommet du G7, un site mystérieux, créé deux jours plus tôt, a publié l'article le plus populaire du web à propos de la rencontre. C'était une fausse nouvelle. Voici comment ses créateurs ont réussi à utiliser un vaste réseau de pages Facebook hyperpartisanes anti-Trump pour arriver à leurs fins.

Au moment où les membres du G7 se préparent à se rencontrer à la Malbaie, avant même que la rencontre ait commencé, une fausse nouvelle court sur les réseaux sociaux : le président américain, Donald Trump, vient d'être exclu de l'entente finale. L'auteur de l'article (Nouvelle fenêtre) se base sur des tweets du président français, Emmanuel Macron, à l'effet que les six autres pays du G7 seraient prêts à signer un accord sans les États-Unis si cela devenait nécessaire. Cette situation hypothétique est présentée comme un fait accompli dans l'article.

Finalement, les États-Unis signent une entente de concert avec les autres pays membres, entente que le président Trump répudie quelques heures plus tard.

Bref, le propos de l'article est faux. Peu importe, il cumule rapidement des dizaines de milliers de partages sur Facebook. En début d'après-midi, le vendredi 8 juin, il est l'article le plus relayé à propos du G7, avec près de 31 000 partages sur les réseaux sociaux, rapporte une analyse de BuzzSumo.

Nous voyons que l'article en question est au sommet du palmarès, avec quelque 31 000 partages.

Palmarès des articles les plus populaires au sujet du G7 sur les réseaux sociaux en début d'après midi, vendredi le 8 juin, selon BuzzSumo.

Photo : Capture d'écran BuzzSumo

L'article provient d'un site obscur nommé Washington Sources. Ce n'est pas un média d'information reconnu. En fait, lorsqu'on examine les métadonnées du site à l'aide de l'outil DomainTools, on constate rapidement qu'il a été créé le 6 juin... soit moins de 48 heures avant que l'article sur le G7 ne devienne viral.

Nous voyons que le site a été créé le 6 juin 2018.

Capture d'écran des métadonnées du site Washington Sources, selon DomainTools.

Photo : Capture d'écran DomainTools

Il est assez étonnant de voir un site créé à peine deux jours plus tôt devenir aussi populaire et dominer la discussion à propos d'un des sujets chauds de l'heure. Quelque chose cloche.

À l'aide de la plateforme CrowdTangle, je suis allé voir quelles pages Facebook ont relayé l'article. C'est là que j'ai compris le stratagème.

Une poignée de pages anti-Trump, qui comptent toutes plusieurs centaines de milliers d'abonnés, ont partagé la fausse nouvelle. Elles ont toutes utilisé mot pour mot la même accroche : « This is unprecidented » (c'est une situation sans précédent).

Nous voyons que les six publications sont identiques et utilisent la même accroche. Elles ont aussi été partagées des milliers de fois.

Les publications de six pages Facebook hyperpartisanes ayant partagé l'article de Washington Sources.

Photo : Capture d'écran Facebook / Radio-Canada

Toutes ces pages font partie d'un important réseau de comptes Facebook hyperpartisans, et chacune a comme auditoire des personnes dites « libérales », un terme qui désigne la gauche aux États-Unis. Ces pages partagent des fausses nouvelles, des informations exagérées et des articles de type « pièges à clics » dans le but de provoquer une réaction émotionnelle chez leur auditoire. Elles prennent souvent comme cible le président Trump.

Comme le rapportait BuzzFeed News l'an dernier, ces pages sont gérées par les mêmes personnes aux États-Unis (Nouvelle fenêtre). Une activité qui est somme toute assez lucrative.

Pourquoi créer un nouveau site?

Réponse facile : pour pouvoir faire de l'argent.

J'ai remarqué que Washington Sources abritait des publicités de la plateforme Google AdSense. Après la crise des « fake news » qui a secoué les géants du web en 2016 et 2017, Google s'était engagée à ne pas permettre à des sites qui véhiculent de fausses informations d'utiliser AdSense pour se financer. Des sites sont régulièrement retirés de la plateforme.

En créant un nouveau site, il y a moyen de déjouer ce règlement. Lorsque Google sévit et nous retire notre compte AdSense, il ne reste plus qu'à faire créer un autre site. Puis un autre. Et ainsi de suite... Il est ensuite possible d'utiliser un imposant réseau de populaires pages Facebook pour faire la promotion de notre nouveau site.

Comme quoi il est facile de trouver des failles dans les mesures anti-fausses nouvelles de Google. Une autre démonstration que ces mesures ne réussissent pas à démanteler ces réseaux de désinformation.

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