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Islam de France : Collomb et Philippe pressent les responsables musulmans d’agir

Le ministre de l’intérieur et le premier ministre ont assisté au repas annuel de rupture du jeûne du ramadan organisé par le Conseil français du culte musulman.

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Publié le 13 juin 2018 à 03h25, modifié le 13 juin 2018 à 14h23

Temps de Lecture 3 min.

Le premier ministre Edouard Philippe à l’Assemblée, le 12 juin.

Lors du repas annuel de rupture du jeûne du ramadan (Iftar) organisé par le Conseil français du culte musulman (CFCM), à Paris mardi soir 12 juin, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a appelé les responsables de la seconde religion de France à agir. Dans un discours d’une quinzaine de minutes, il a voulu « redonner une impulsion ». « Dans les semaines à venir, nous voudrions que dans chaque département, une grande concertation soit organisée », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Il est temps qu’en partant de la base, du terrain, on puisse faire converger des propositions, à partir desquelles le président de la République serait en mesure de prendre des initiatives fortes. » Sans toutefois, a-t-il précisé, que le « gouvernement impose ses vues ». En jeu, la réforme de l’islam de France, un chantier piloté directement par Emmanuel Macron qui peine à voir le jour.

Placé sous le signe de la fraternité et des relations judéo-musulmanes, le dîner a démarré avec la diffusion d’une vidéo intitulée « Juifs et musulmans, une histoire de famille », revenant sur quatorze siècles de « coopération interconfessionnelle ». Le tout, dans une ambiance un peu tendue. L’absence du président de la République, présent en 2017, a été mal perçue par les organisateurs et certains participants, qui y ont vu un « boycott ». Tandis que l’absence annoncée de prise de parole du premier ministre Edouard Philippe a suscité l’« incompréhension ».

Arrivé un peu avant 23 h 15, le chef du gouvernement a finalement improvisé quelques mots après avoir fait le tour des tables – « Nous avons de grands défis à relever ensemble, pas sûr que ce soit la peine de les détailler tellement ils sont évidents » – avant de conclure par un « Merci pour votre invitation, et au travail ! ». « Macron n’est pas venu parce qu’il n’a rien à dire, rien à annoncer », a analysé un invité, qui souhaite garder l’anonymat. Les annonces présidentielles étaient en effet prévues pour le premier semestre, elles ont été repoussées au second.

Chargé depuis 2003 de représenter le culte musulman auprès des pouvoirs publics, le CFCM est régulièrement accusé d’immobilisme et jugé inefficace. Paralysé par des guerres intestines entre fédérations, il est également critiqué pour son manque de représentativité et marqué par une ingérence indue de l’Etat français et des pays d’origine des familles des fidèles (Algérie, Maroc et Turquie principalement). « Je sais que le CFCM n’est pas parfait, a lancé son président, Ahmet Ogras, mardi soir. Il n’est pas la solution miracle. Pour autant, c’est une institution innovante. Avec le maillage territorial, tous les élus disposent désormais d’interlocuteurs (…). C’est un acquis non négligeable (…). »

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Dans la salle du Pavillon Dauphine (16e arrondissement), à voix basse, plusieurs invités ont pointé du doigt un « problème » qu’ils estiment « majeur » : le déphasage de l’institution avec les jeunes générations. « Aucun des responsables n’est né ici !, s’insurge l’un d’eux. Ils ne comprennent pas la réalité profonde de ce qu’est la France. »

« Aujourd’hui, nous avons des choix à faire. Et rapidement, a poursuivi Ahmet Ogras. La réforme de notre institution ne peut s’envisager qu’après une large consultation des musulmans (…) que le CFCM va lancer dans les semaines à venir. »

Cela fait déjà deux mois que l’institution a annoncé son intention de mener une grande enquête auprès des acteurs cultuels locaux et, plus largement, des musulmans. L’ex-directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), le militant Marwan Muhammad, n’a pour sa part pas attendu : il a lancé, début mai, une « consultation des musulmans » en ligne, via un site Internet, afin de « définir les bases de ce que pourrait être l’organisation des communautés musulmanes ». Une initiative à laquelle personne n’a fait référence lors de l’Iftar.

Combat contre l’islamisme, formation des imams, financement des lieux de culte, structuration des instances représentatives… « Quelques sujets ont avancé depuis un an mais il nous reste beaucoup de chemin, a insisté le ministre de l’intérieur. (…) Parmi les avancées, la prévention de la radicalisation. (…) Mais c’est à vous de mener le combat sur le terrain de la théologie, que vous seuls pouvez investir. (…) C’est aux musulmans de France de prendre en charge ces questions dans la durée. » « Mais l’Etat ne peut s’en désintéresser », a-t-il pris soin de préciser.

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