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Stratégie

LR : le parrain Sarkozy convoque l'inaudible Wauquiez

L'ancien président de la République doit discuter, mercredi, avec le chef de Les Républicains. Il lui reproche de ne pas assez rassembler.
par Christophe Forcari
publié le 12 juin 2018 à 19h24

Nicolas Sarkozy ne cache plus ses doutes sur la stratégie suivie par Laurent Wauquiez à la tête de LR. L’ex-locataire de l’Elysée reçoit mercredi, à sa demande, le chef du parti qu’il a dirigé, pour lui faire part tout autant de ses inquiétudes que pour lui distiller quelques conseils. C’est la troisième fois que les deux hommes se voient depuis l’élection du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes à la tête de la formation de droite.

La dernière entrevue remonte au mois d'avril, après la divulgation des propos de Laurent Wauquiez devant les étudiants d'une école de commerce de Lyon, quand celui-ci accusait l'ancien chef de l'Etat d'avoir fait mettre sur écoute ses ministres. Wauquiez s'était bien vite rétracté et était allé présenter ses excuses à Nicolas Sarkozy comme on va à Canossa. «Je l'ai pulvérisé, s'était alors vanté Nicolas Sarkozy évoquant l'échange. Quand je vois que, sitôt à la tête du parti, tu commences comme ça, je me dis que tu n'iras pas loin.» Pas sûr que son jugement se soit beaucoup modifié aujourd'hui.

«Responsabilités particulières»

Nicolas Sarkozy ne s'est pas privé de faire part de ses interrogations à ses proches. Il reproche au nouveau patron de la droite de ne suffisamment rassembler son camp. «Nicolas Sarkozy savait flatter et cajoler ses adversaires sans les lâcher avant chaque bureau politique. Ça, Laurent ne sait pas le faire ou alors il ne le fait pas suffisamment. Il n'est pas assez dans le cocooning», explique un fidèle des fidèles de l'ancien chef de l'Etat. Dernier exemple en date, les réserves exprimées publiquement par la vice-présidente et numéro 2 du parti, Virginie Calmels sur le tract «Pour que la France reste la France», diffusé par LR. «Quand on appartient à l'équipe dirigeante, on a des responsabilités particulières. J'attends de Virginie qu'elle le comprenne», l'avait alors recadrée Wauquiez, qui peine à s'installer dans le paysage comme le leader de l'opposition à Macron.

Sur le fond, des divergences stratégiques éloignent également les deux hommes. Nicolas Sarkozy n'est guère convaincu par l'opposition made in Wauquiez, consistant à se poser en héraut des villes et zones rurales. Enfin, sur les élections européennes qui pour Nicolas Sarkozy feront office de «juges de paix», celui-ci estime que c'est à Laurent Wauquiez qu'il revient de conduire la liste. L'intéressé considère au contraire que ce n'est absolument pas le rôle d'un chef de parti. «Nicolas Sarkozy aimerait bien que ses conseils soient plus pris en compte. Pour le moment ce n'est pas le cas, explique un proche de l'ancien Président. En fait, son jugement sur Wauquiez n'a pas varié d'un iota. Même s'il l'a soutenu pour la présidence du parti, il pense qu'il n'a pas la carrure pour aller plus loin», résume un autre fidèle de celui qui se dit retiré de la vie politique mais qui continue à aimer tirer les ficelles quand il s'agit de son parti.

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