Le Fonds européen pour la pêche maintient le «business as usual»

Port de pêche d'El Marsa, Laayoune, Sahara occidental. [jbdodane/Flickr]

Présenté par la Commission européenne ce 12 juin, le nouveau Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) pour la période 2021-27, accentue la prise en compte du changement climatique mais favorise toujours la surpêche. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement

En vigueur pour sept ans, le Feamp représente l’outil de financement majeur des pêcheries européennes. Celui-ci est d’autant plus important qu’il doit orchestrer l’objectif de rendement maximum durable (RMD) fixé par la politique commune de la pêche (PCP) au plus tard en 2020. Il s’élèvera à 6,14 milliards d’euros pour la période 2021-2027 contre 5,75 milliards en 2014-2020 dont  588 millions d’euros pour la France. Soit une hausse globale de 6,8 %.

Le retour des aides à la destruction

Alors qu’elles devaient être supprimées d’ici le 31 décembre 2017, les aides à la destruction des navires sont réintroduites. Elles sont notamment critiquées pour la difficulté à surveiller leur mise en œuvre et parce qu’elles sont souvent réinvesties dans le secteur, selon les juristes de l’ONG ClientEarth.

Premier navire et nouveau moteur

Autre mesure contraire à la pêche durable : les aides à l’acquisition d’un premier navire de pêche ou au remplacement d’un moteur pour les petites et moyennes embarcations (de moins de 12 mètres). « Alors que la pêche artisanale représente 75 % de la flotte de l’Union européenne, cette mesure va renforcer la surcapacité de pêche. Elle est contraire à la politique commune de la pêche (PCP) qui vise à supprimer toute subvention augmentant la capacité de la flotte »analyse Flaminia Tacconi, juriste à ClientEarth.

La surpêche fait perdre emplois et argent à l’UE

Réapprovisionner les stocks halieutiques pourrait créer des milliers d’emplois et stimuler le PIB de l’UE de 4,9 milliards d’euros par an, indique une nouvelle étude.

Pêcheurs sous perfusion

Les aides à la cessation d’activité sont également maintenues. Critiquées par un rapport de la Cour des comptes de l’UE en 2011, elles permettent de financer des pêcheries dont les bateaux sont obligés de rester au port. Les pêcheurs de bar, sous le coup d’une interdiction d’urgence pour protéger l’espèce, en offrent un bon exemple. Ce qui implique, selon ClientEarth, « le maintien artificiel de pêcheries non viables économiquement ou néfastes à l’environnement ». « Ces aides détournent des ressources qui seraient importantes pour financer les innovations en faveur d’un moindre impact sur l’environnement, un meilleur suivi des espèces et une meilleure sélectivité des engins de pêche. Le Feamp est muet sur ces sujets » , conclut Flaminia Tacconi.

Seule nouveauté du texte, qui s’ouvre aux négociations avec le Parlement et le Conseil européen : « 30 % du Feamp devra être consacré à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique », selon le communiqué de Bruxelles. Sans aucune précision.

 

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