Robert Paxton : "La nouvelle génération a confirmé et ajouté une contribution nouvelle sans complètement ruiner ce que j'avais fait avant" : épisode • 3/4 du podcast Quand l'histoire fait scandale

Robert Paxton le 27 août 2015 à Paris.  ©AFP - BERTRAND GUAY
Robert Paxton le 27 août 2015 à Paris. ©AFP - BERTRAND GUAY
Robert Paxton le 27 août 2015 à Paris. ©AFP - BERTRAND GUAY
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Troisième émission consacrée aux affaires ou ouvrages historiques qui ont fait scandale. Emmanuel Laurentin reçoit Robert Paxton, historien américain, pour son livre "La France de Vichy, 1940 1944" qui a marqué une rupture souvent considérée comme décisive dans l'historiographie de la France.

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Troisième temps de notre série d'émissions consacrée aux polémiques et scandales en histoire. Aujourd'hui un grand entretien avec l'auteur de La France de Vichy l'historien américain Robert Paxton. Paxton bouleverse la lecture de l'histoire du régime de Vichy en affirmant que le gouvernement de Vichy a non seulement collaboré en devançant les ordres allemands : il a aussi voulu s'associer à l' ''ordre nouveau" des nazis avec son projet de  Révolution nationale.

Ce livre, paru en France en 1973, et son auteur sont généralement considérés comme des "lieux de mémoire" de l'histoire de France au XX e . Pour l'auteur du "syndrome de Vichy", Henry Rousso, Robert Paxton est même devenu un personnage de notre roman national.

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Il est pourtant plus connu qu'il a été lu mais il est cité dans les manuels d'histoire de terminale qui traitent d'un des thèmes possibles du baccalauréat: "Les mémoires de la deuxième guerre mondiale". Pourquoi ? Parce qu'il participe à un moment d'histoire nationale, le début des années 1970 qui voit le débat sur la France de l'Occupation se transformer, après la sortie en salles du "Chagrin et la Pitié" de Marcel Ophüls et la grâce accordée à Paul Touvier.

L'historien américain revient sur les conditions de sortie de son livre La France de Vichy aux éditions du Seuil qui "avaient un peu le trac" et après un "examen très, très soigné" du texte. Le fait d'être un historien étranger avait des inconvénients et des avantages. Son livre est paru, explique-t-il, dans un moment "très favorable", dans l'après Mai 68 et "le tournant de l'opinion". Il prend l'exemple de son premier livre, L'Armée de Vichy : le corps des officiers français, 1940-1944,  paru en 1966 aux États-Unis et traduit... 38 ans plus tard en français.

Il répond aux critiques qui lui étaient faites de démonter l'idéologie de Philippe Pétain et sa thèse du bouclier : "C'était une thèse très rassurante parce que ça donne une image positive de Vichy et de Pétain. C'est une image qui cache complètement les initiatives de Vichy en matière de législations anti-juives par exemple. C'est une image rassurante, et je l'ai cassée.

La capacité des Allemands d'administrer la France tout seuls avec leurs propres moyens ? Ils n'en n'ont pas la capacité. De même pour la police et les forces armées, ils ont besoin de la police française, c'est très très clair. Les Allemands sont moins forts qu'on le disait, mais peut-être que chez moi, j'accepte que les Allemands soient là sans trop les souligner.

Robert Paxton insiste aussi sur l'opinion française qui n'est pas unique, "c'est une mosaïque". Son livre La France de Vichy ne traite pas de la France toute entière, comme son titre l'indique, c'est pourquoi il n'aborde pas la question de la Résistance. "Je n'ai jamais écrit sur la Résistance mais ça ne veut pas dire que je nie son importance."

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