Emplois : GE ne tiendra pas sa promesse à l'Etat français
Seuls 323 emplois ont été créés en France à fin avril sur les 1.000 promis en 2015 lors de l'acquisition de la branche Energie d'Alstom. Les syndicats se préparent pour l'après-2018.
Ce qui était prévisible est désormais officiel : GE ne respectera pas sa promesse de créer 1.000 emplois nets en France d'ici la fin de l'année. A l'occasion d'une tournée en Europe, le PDG du groupe américain, John Flannery, « a indiqué que l'engagement pris par GE en 2015 lors du rachat des activités énergie d'Alstom […] était désormais hors d'atteinte », a annoncé jeudi, Bruno Le Maire, dans un communiqué. « A fin avril 2018, seuls 323 emplois nets ont été créés », a précisé le ministre de l'Economie, qui « regrette vivement cette situation », liée à « l'évolution défavorable » des marchés de GE dans l'énergie.
Si GE comme le gouvernement français affichaient encore ces derniers mois leur confiance pour cette promesse négociée il y a quatre ans pour faire accepter la cession de l'ancien fleuron tricolore, « on savait pertinemment que ce serait compliqué, ce n'est pas une surprise », réagit Alain Ogor, délégué syndical central CFDT sur le site historique de Belfort. « On le dit depuis déjà plusieurs mois », renchérit un autre élu.
GE a bien créé des postes dans sa « fonderie digitale » à Paris (130) et dans des services financiers à Belfort (près de 200), il avait annoncé dès début 2016 un plan de 765 départs en France, finalement ramenés, selon le groupe américain, à 475 postes. Et à Grenoble, GE vient de finaliser un plan social dans ses activités hydrauliques. Ce qui réduira encore d'une centaine de postes son bilan en matière de créations d'emplois fin 2018.
Le conglomérat industriel rappelle qu'il a tenu ses autres engagements sur la localisation de plusieurs sièges sociaux d'activités en France, ou la nomination d'un administrateur français (Sébastien Bazin) au conseil d'administration de GE.
Ce que disait GE en mai 2017
S'ils ne sont pas surpris, les syndicats sont inquiets pour l'après-2018, lorsque les engagements pris fin 2015 par General Electric tomberont. Car la restructuration du groupe américain se poursuit : fin 2017, un nouveau plan social a visé 12.000 postes dans le monde , dont 4.500 sur le périmètre des anciennes activités d'Alstom en Europe - dont la France n'a été épargnée qu'au nom de l'accord conclu il y a trois ans. « Toutes les fonctions transverses souffrent en Europe. Forcément, cela va nous tomber dessus en 2019 », anticipe un élu.
Désormais réunis en intersyndicale, les représentants des salariés viennent d'écrire au Premier ministre pour lui demander de négocier un nouvel accord avec GE, pour « le développement des filières, le maintien des expertises, la préservation des sites industriels et l'emploi des salariés ».
Pénalités prévues
Bruno Le Maire, qui doit revoir les dirigeants de GE à l'automne, demande « des perspectives claires » pour « chacun des sites industriels de GE en France ». « Nous sommes focalisés sur nos engagements actuels et il est prématuré d'en considérer d'autres à ce stade », indique GE aux « Echos ». Le contrat actuel entre GE et l'Etat français prévoit seulement une pénalité de 50.000 euros par emploi manquant, qui alimenteront un fonds de revitalisation.
Véronique Le Billon