C'est un premier pas vers ce qui pourrait être une très bonne nouvelle pour des millions de femmes. Les députés argentins ont adopté, ce jeudi 14 juin, un projet de loi légalisant l'avortement, en première lecture. Le texte, qui autorise l'interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu'à 14 semaines, doit maintenant être débattu au sénat.
Le vote s'annonçait serré. Effectivement, le texte a été approuvé avec une courte majorité après plus de 22 heures de débats passionnés. Le "oui" au projet de loi a recueilli 129 voix, contre 125 au "non".
Depuis plusieurs semaines, les militants et militantes pro-avortement se sont mobilisé et ont manifesté pour défendre ce droit fondamental. Mercredi, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant le Congrès à Buenos Aires. Certaines y ont même passé la nuit. Elles ont fait face aux opposants et opposantes au projet de loi qui invoquent "la défense des deux vies". On vous explique les enjeux de ce vote qui pourrait changer la vie de millions de femmes.
Actuellement, l'Argentine interdit l'avortement, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Selon les provinces, la limite de temps pour avorter varie. Récemment, le cas d'une fillette de 10 ans, tombée enceinte, après avoir été violée par son beau-père, a suscité la polémique.
Dans un cas extrême comme le sien, elle aurait pu avorter, mais la très conservatrice province de Salta, où elle réside, limite l'IVG en cas de viol aux 12 premières semaines de grossesse. Or, dans ce cas-là, elle n'a été détectée qu'à la 21e semaine.
L'avortement existe, il peut être légal ou clandestin, mais il existe
Cristina Banegas, actrice argentine
Face à une réglementation aussi stricte, de nombreuses femmes se trouvent confrontées à des grossesses non-désirées, sans moyen légal d'y mettre fin. On estime à 500.000 le nombre d'avortements clandestins qui sont réalisés chaque année en Argentine, pour 720.000 naissances. Selon l'Unicef, 2.700 mères-filles, âgées de 10 à 14 ans, accouchent tous les ans.
Certaines femmes recourent à des professionnels qui pratiquent des avortements chirurgicaux illégaux, dans des conditions sûres mais souvent très chères. Celles qui n'ont pas les moyens achètent un médicament sur Internet, le misoprostol, et tentent de mettre fin à leur grossesse, sans aucune assistance médicale, prenant des risques pour leur santé.
"L'avortement existe, il peut être légal ou clandestin, mais il existe. Nous voulons qu'il soit légalisé pour que moins de femmes pauvres meurent, pour que nous soyons dans le cadre de la loi, pour que l'État nous protège au lieu de nous punir", explique à l'AFP l'actrice Christine Banegas, très impliquée dans la mobilisation pour l'autorisation de l'IVG.
Dans le rassemblement devant le Congrès ce mercredi, des dizaines de milliers de personnes sont venues défendre ce droit fondamental. Elsa Bonifacio, 72 ans, est là "pour accompagner ses petites filles, pour la dépénalisation de l'avortement, pour que nous ayons toutes le contrôle de notre corps, que nous puissions décider ce que nous voulons en faire".
Après plusieurs tentatives qui n'avaient pas abouties, un projet de loi a finalement recueilli suffisamment de signatures de députés et sénateurs de différents groupes. Une possible modification de la loi sur l'avortement est donc débattue au palais des Congrès depuis trois mois.
Le texte étant approuvé par les députés, c'est au tour de la chambre haute de débattre, où les sénateurs des provinces l'examineront, mais ceux-ci sont soumis à l'autorité des gouverneurs dont la majorité ne veut pas se mettre l'Église à dos.
Même si ce sont les parlementaires qui auront le dernier mot sur ce sujet de société, le peuple argentin est très impliqué sur la question. Depuis plusieurs mois, les manifestations se multiplient dans le pays. Les marches et les rassemblements des militants pro-avortements mobilisent à chaque fois plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Le mouvement #NiUnaMenos ("Pas une de moins"), né en 2015 pour protester contre les violences faites aux femmes, s'affiche sur les pancartes des manifestantes. "Le fait que l'avortement soit passé en Irlande, dans un pays catholique comme l'Argentine, cela donne espoir", confie à l'AFP Lola Vasquez, une lycéenne de 16 ans, lors d'une grande marche à Buenos Aires le 6 juin.
Dans les rangs des rassemblements, des milliers de foulards verts sont arborés. Portant l'inscription "éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir", ils sont devenus le symbole de la lutte pour le droit à l'IVG.
Contrairement à ce qu'il s'était passé en Irlande, où l'Église était restée très discrète pendant la campagne précédant le référendum, l'Église catholique argentine est très mobilisée contre la légalisation de l'avortement, dans le pays d'origine du pape François.
La décision du 13 juin comporte des risques politiques pour le président Macri
Courrier International
Du côté politique, le sujet fait débat au sein du gouvernement. Mauricio Pacri, le président de centre-droit est contre, alors que le chef du gouvernement Marcos Peña y est favorable.
"Au delà de la question de fond, la décision de l'hémicycle le 13 juin comporte des risques politiques pour le président Mauricio Macri, qui a pris l'initiative de mettre le sujet sur le tapis, tout en se déclarant 'favorable à la vie', s'exposant à une forte division au sein des forces politiques de tous bords, y compris du sien", note Courrier international, rapportant l'analyse du quotidien argentin La Nación.
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