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La Coupe du monde de football 2018, une vitrine à 10 milliards pour la Russie

+ VIDEO. Comme à Sotchi pour les JO d'hiver 2014, la Russie de Vladimir Poutine espère améliorer son image avec cette compétition planétaire. Il lui en aura coûté 10 milliards d'euros.

Par Benjamin Quénelle

Publié le 14 juin 2018 à 06:24

« Tout est prêt ! » Dans son large bureau au coeur des nouveaux bâtiments high tech de la mairie de Moscou, Maxime Liksutov ne cache pas sa satisfaction à la veille du coup d'envoi, ce jeudi, du premier Mondial de football en Russie . Depuis de longs mois, travaux d'infrastructures et aménagements urbains se sont multipliés dans la capitale russe. « L'objectif est d'en profiter pour montrer que Moscou est une belle ville bien organisée. Nous voulons que, après le football, les supporteurs reviennent ici en touristes ! », explique le maire adjoint chargé de la voirie et des transports.

Un certain malaise

Car, à Moscou, comme dans les dix autres cités hôtes, les autorités assurent que la coûteuse facture de la compétition - plus de 10 milliards d'euros - doit être regardée à l'aune du développement régional, notamment pour le tourisme. Chauffeurs de taxis, vendeuses aux caisses des métros et bénévoles dans la rue ont d'ailleurs suivi des cours d'anglais. Mais, parmi les Russes, la fierté d'accueillir ce Mondial se mêle à un certain malaise. Beaucoup doutent que le grand spectacle politico-sportif, pas plus que les Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi en 2014 , ne modifie vraiment l'image de la Russie à l'étranger.

Vidéo - Coupe du Monde 2018 : les défis de Poutine

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D'aucuns s'interrogent, en outre, sur l'avenir de certains stades, dont les chantiers ont été perçus comme autant de lessiveuses à corruption. La facture s'avère lourde et l'incertitude demeure sur leur pérennité. « Nous avons dépensé beaucoup d'argent. Il faut que ces infrastructures fonctionnent avant tout pour le développement du sport », a, pourtant, prévenu le président Vladimir Poutine.

Les douze arènes sont prêtes, à l'image du stade Loujniki qui accueillera ce jeudi la cérémonie d'ouverture et le premier match de la compétition entre la Russie et l'Arabie saoudite. Trente-huit ans après les JO de Moscou, l'ex-stade Lénine a connu deux années de rénovation pour un coût de 330 millions d'euros.

Controverses, retards et scandales

Si ce chantier moscovite n'a guère provoqué de controverses, retards et scandales ont miné l'érection d'autres installations, à Nijni Novgorod, Rostov, Kaliningrad et Samara. A Kaliningrad, le stade a été construit sur un marécage, compliquant les opérations de terrassement. A Samara, la pelouse, cultivée en Allemagne, a été livrée quelques semaines seulement avant le début de la compétition. Ces couacs ont alourdi la facture : 240 millions d'euros à Kaliningrad, plus de 260 millions à Samara.

Mais la palme revient à l'arena de Saint-Pétersbourg. « Une triste histoire », a lui-même reconnu Vladimir Poutine. Sol tremblant sous les joueurs courant trop vite, gazon gorgé d'humidité et couvert de champignons, toit fuyant et bougeant par vents forts : changements de constructeurs et réparations multiples afin de résoudre tous ces problèmes ont fait grimper la note, à plus de 650 millions d'euros au terme de dix ans de travaux. « Avec, comme souvent en Russie, près de 30 % perdus en pots-de-vin et commissions », peste Piotr Popov, dans les bureaux pétersbourgeois du leader de l'opposition Alexeï Navalny.

Stades pleins et sûrs ?

Pas de quoi, néanmoins, décourager les fans de foot : à ce jour, la Fifa a vendu 2,4 millions de billets, dont un tiers pour les Russes, suivis des Américains (dont l'équipe n'est pourtant pas qualifiée) et des Brésiliens, les quelque 17.000 supporteurs français étant loin derrière. Les autorités russes assurent que les stades seront pleins et sûrs. Elles affirment avoir pris « des mesures sans précédents » contre le terrorisme et le hooliganisme.

Au coeur du dispositif de sécurité : le « passeport de supporter ». Ce document permet en amont à la police de vérifier le profil de chacun et ses potentiels violents antécédents. Sans enthousiasme débordant, une certaine ferveur a commencé à saisir la population ces dernières semaines. A la télévision et le long des rues, la Russie s'est parée de fresques aux couleurs bleues, rouges et dorées de « son » Mondial.

Benjamin Quénelle (Correspondant à Moscou)

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