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L'épisode pluvieux a-t-il été bénéfique pour les nappes phréatiques ?

Orage à Nice le 12 juin VALERY HACHE/AFP

Les intempéries de ces dernières semaines arrivent à terme ce jeudi. Mais les records de pluies enregistrés dans plusieurs départements n'ont eu que peu d'impact sur le niveau des nappes phréatiques.

Après un début de mois de juin marqué par des épisodes pluvieux et orageux inédits pour la saison sur la quasi-totalité des régions, le beau temps commence à revenir ces jours-ci. Les niveaux d'eau déversés ont largement été dépassés dans certaines régions, établissant des records pour la saison.

Il s'agit d'un «événement extrême» par l'intensité des précipitations dans un court laps de temps, explique au Figaro Jean-Raynald de Dreuzy, directeur de recherche en hydrologie au CNRS. Pour autant, ce genre d'épisode n'a que peu d'impact sur le niveau des nappes phréatiques. À cette période de l'année, la majeure partie des eaux de pluie s'évaporent. Au printemps, la végétation est plus active, elle capte donc davantage d'eau, qui ne va pas s'infiltrer dans les sols. Il y a de ce fait «moins d'infiltration dans les nappes à cette période», malgré la quantité d'eau tombée, affirme le chercheur.

En effet, la période de recharge des nappes phréatiques s'étend de l'automne au printemps, précise Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). En témoignent les importantes inondations qui ont eu lieu dans plusieurs départements ces dernières semaines. D'autant plus, que «le niveau des nappes phréatiques est déjà suffisamment haut à proximité des cours d'eau à cette saison», renchéri Jean-Reynald de Dreuzy, expliquant les crues.

Inondation à Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) IROZ GAIZKA/AFP

En revanche, une grande quantité d'eau en peu de temps peut avoir des conséquences négatives, notamment sur la qualité de l'eau. Ce genre d'épisode intense favorise le ruissellement des pluies dans les cours d'eau, sans filtration, ce qui entraîne le transfert de contaminants dans le cycle hydraulique. «Les engrais transportés par la pluie sont bons pour les sols, mais pas pour les cours d'eau», nous renseigne Jean-Reynald de Dreuzy. Notamment en zone urbaine, où l'eau lessive le bitume et provoque des pics de pollution. «Plus les précipitations s'étendent dans le temps, et dans la période de recharge, plus l'eau peut s'infiltrer jusqu'aux nappes, et meilleurs sont les impacts sur la qualité de l'eau».

Le risque de sécheresse écarté

Pour autant, une période de sécheresse, comme l'année dernière, n'est pas à prévoir. «Plus de trois quarts des nappes phréatiques ont un niveau supérieur ou égal à la moyenne pour cette période de l'année», indique Philippe Vigouroux. Malgré la situation critique au 1er janvier, les nappes phréatiques ont été rechargées de façon significative par les précipitations des trois premiers mois de l'année. «Ce qui permet d'aborder favorablement la période estivale», assure l'hydrogéologue.

Vers un dérèglement climatique?

Ce genre d'épisode de juin est tout de même inquiétant, s'alarme Jean-Raynald de Dreuzy, car c'est un marqueur du dérèglement climatique. Si le cycle pluvieux persiste à se décaler, de l'automne au début de l'été cette année, les nappes seront à terme de plus en plus basses. Mais l'évolution des événements pluvieux et leurs conséquences sont encore difficilement prévisibles.

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