La première usine d'hydroliennes au monde a ouvert en Normandie

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L'Etat a donné son feu vert à EDF et Naval Energies pour l'implantation d'hydroliennes dans le raz Blanchard mais n'a pas encore lancé d'appel d'offres. Image d'illustration. © FRED TANNEAU / AFP
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avec AFP , modifié à
Naval Energies, qui l'a inauguré jeudi, attend désormais les appels d'offres de l'Etat pour lancer définitivement son activité. 

Naval Energies, filiale de Naval Group (ex-DCNS), a inauguré jeudi à Cherbourg dans la Manche une usine d'assemblage d'hydroliennes, turbines sous-marines qui transforment les courants en électricité, malgré les doutes de l'Etat sur cette technologie. "Nous sommes aujourd'hui à l'aube d'une nouvelle ère", s'est félicité le commissaire européen à l'Environnement Karmenu Vella lors de la cérémonie.

Près du raz Blanchard, "une mine d'or". Cherbourg se trouve à moins d'une demi journée de mer du raz Blanchard, deuxième courant le plus puissant au monde, "une mine d'or", relativement proche des côtes et donc moins cher à exploiter que l'Ecosse, où est expérimenté l'hydrolien actuellement, a affirmé Drew Blaxland, directeur des turbines de la société britannique Atlantis, numéro un mondial de cette technologie, en marge d'un salon international des énergies marines renouvelables (EMR) à Cherbourg.

Deux hydroliennes dans le carnet de commandes. Seules six personnes travaillent dans cette usine de 5.500 m2 dont l'effectif doit monter à 20 d'ici fin août, puis à une bonne quarantaine si la pleine capacité de 25 turbines par an est atteinte, a indiqué Frédérick Lelarge, son directeur. Pour l'heure, l'usine n'a que deux hydroliennes en commandes fermes, l'une pour le Japon, l'autre pour le Canada.

Dans l'attende d'appels d'offres de l'Etat. L'Etat a donné en 2017 son feu vert à EDF et Naval Energies pour l'implantation de sept hydroliennes de 16 mètres de diamètre dans le raz Blanchard. Naval Energies évoquait jeudi un raccordement "à l'horizon 2020". Mais "si l'Etat ne lance pas dans de brefs délais d'appel d'offres commerciaux, l'ensemble de la filière (hydrolienne) va s'arrêter", a déclaré jeudi le président de Naval Energies, Laurent Schneider-Maunoury.

Des coûts de production "très élevés" a jugé Hulot. L'usine a coûté 10 millions d'euros financés par la Shema, société d'économie mixte dont sont actionnaires des collectivités locales normandes. Naval Energies en est locataire. Mais "les coûts de production des hydroliennes (...) apparaissent très élevés, même à long terme et même par rapport à l'éolien offshore", a estimé mercredi le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot à l'Assemblée nationale, demandant une étude complémentaire. Les industriels assurent que les prix de l'hydrolien peuvent baisser comme ceux du solaire ou de l'éolien ces dernières décennies. En 2013, François Hollande avait estimé que les hydroliennes "représent(ai)ent la formule la plus prometteuse" parmi les énergies marines.