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Climat

Changement climatique : le massif du Mont-Blanc s’écroule

Dans les Alpes, le changement climatique se voit et s’entend : les écroulements rocheux sont de plus en nombreux. Entretien avec Ludovic Ravanel, qui ausculte les parois du massif du Mont-Blanc depuis une quinzaine d’années.

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Massif du Mont-Blanc

En haute montagne, les températures ont augmenté de deux à trois fois plus vite que sur le reste de la planète.

© Philippe Roy / Aurimages / AFP

A l’occasion de la Conférence internationale sur l’avenir des hautes montagnes à Chamonix, du 12 au 14 juin 2018, Ludovic Ravanel, géomorphologue, chargé de recherche CNRS au laboratoire Edytem de l'université de Savoie Mont-Blanc, alerte sur la fonte du "permafrost", qui conditionne la présence de glace cimentant la roche.

Sciences et Avenir : Le lien est-il avéré entre réchauffement climatique et multiplication des éboulements rocheux ?

Ludovic Ravanel : En haute montagne, les  températures ont augmenté deux à trois fois plus vite que sur le reste de la planète : +2°C en un siècle. Le permafrost s’est dégradé : les parois dégèlent de plus en plus profondément - jusqu’à parfois plus de dix mètres - ce qui les déstabilise. En utilisant le gigantesque corpus de photos de montagne, les premières datant des années 1850 - et en complétant avec des modélisations 3D, nous avons reconstitué l’histoire de parois comme les Drus ou la face nord des Aiguilles de Chamonix, et retracé les déstabilisations. On a mis en évidence une explosion du nombre d’écroulements (éboulements > 100 m3) depuis deux à trois décennies, en corrélation avec la hausse des températures à Chamonix. Le lien avec le réchauffement est validé.

Plus il fait chaud l’été et plus ça s’écroule ?

On observe une surreprésentation des écroulements durant les étés caniculaires 2003, 2015 et 2017. L’écroulement de l’éperon Tournier, qui s’est produit en septembre 2017 - quelque 44.000 m³, le plus important dans le massif depuis celui du pilier Bonatti aux Drus en 2005, était directement lié à la canicule de l’été. La roche avait emmagasiné assez de chaleur pour atteindre des températures positives et dégeler le permafrost. J’ai pu aller prélever une grosse quantité de la glace dans la cicatrice de l’écroulement. Elle est en cours d’analyse à Grenoble (IGE), on va pouvoir la dater, ce sera une première mondiale !

En août 2017, dans le canton suisse des Grisons, le Piz Cengalo s’est écroulé, ravageant  une partie du village de Bondo et tuant huit randonneurs. 3,1 millions de m³ de roches sont tombés : là, la dégradation du permafrost a dû s’opérer sur deux ou trois décennies.

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