La patience des parents a parfois des limites. Marlène Schiappa vient d’en faire l’expérience. Dans un message publié sur Facebook vendredi 15 juin, Jean-Marc Schiappa, père de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a tenu à expliquer à sa fille ce que signifiait « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Mme Schiappa avait, en effet, cité cette phrase qu’elle attribuait à Karl Marx pour appuyer les propos d’Emmanuel Macron sur les aides sociales et « le pognon de dingue » qu’elles coûteraient aux finances de l’Etat au regard de leurs résultats réels, selon le président de la République.
« Toucher 550 € de RSA par mois ne permet pas de sortir de la pauvreté s’il n’y a pas d’accompagnement efficace vers le travail. Un vrai travail, un vrai salaire : voilà le projet du gouvernement ! », avait écrit Mme Schiappa, mercredi 13 juin, sur Twitter, suscitant des dizaines de réactions de personnalités de gauche ulcérées par une telle récupération.
C’est aussi l’avis de Jean-Marc Schiappa, « trotskiste depuis l’âge de 15 ans et demi », d’obédience lambertiste, car, selon lui, « un trotskiste n’est que lambertiste », explique-t-il au Monde. Agé de 61 ans, ex-enseignant en collège, spécialiste du révolutionnaire Gracchus Babeuf, Jean-Marc Schiappa a donc écrit un texte pour passer un savon à sa fille.
Tout d’abord, il tient à préciser que Marlène Schiappa commet une première erreur quand elle attribue la phrase au philosophe allemand dont on fête le bicentenaire de la naissance cette année. C’est « la 1re Internationale [qui] écrit, sur proposition de Karl Marx (donc il est inexact de citer cette phrase comme venant du seul Marx), “l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes” », rectifie l’ancien délégué syndical Force ouvrière.
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Puis vient l’argumentation sous forme de leçon de philosophie politique visant à la fois la secrétaire d’Etat (sans jamais la nommer néanmoins), le gouvernement auquel elle appartient et la politique menée. Pour Schiappa père, sa fille est totalement hors sujet. « Il s’agit d’une œuvre collective (“les travailleurs”) et non individuelle (chaque travailleur devant se débrouiller tout seul) ; le but est l’émancipation collective (et non une réussite personnelle — laquelle, au demeurant ?), celle des travailleurs, du prolétariat, rappelle-t-il sur le réseau social. On ne peut attendre de salut de personne sauf de l’action organisée, donc consciente. »
Avant de porter l’estocade, en forme de réquisitoire contre la « start-up nation » macronienne :
« Ce n’est en rien une défense de l’individualisme petit-bourgeois (“allez, monte ta start-up, toi aussi”). Au passage, détruire les aides sociales n’est pas un problème pour ceux (et celles) qui montent leurs start-up en bénéficiant des exonérations fiscales, primes diverses de l’Etat, etc. »
Jean-Marc Schiappa précise que « l’on peut faire circuler » son texte. Pas forcément la meilleure manière de préparer la fête des Pères, dimanche 17 juin.
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