PSA met fin aux 35 heures dans son usine de Vesoul

Direction et syndicats du constructeur automobile ont signé ce vendredi «un accord de performance collective», possible depuis la réforme du Code du travail. Le personnel de l’usine travaillera 37h45 hebdomadaires, sans compensation salariale complète.

 Le temps de travail hebdomadaire de référence est porté à 37h45, soit une augmentation de 8 %, moyennant une hausse de salaire limitée, elle, à 3,1 %.
Le temps de travail hebdomadaire de référence est porté à 37h45, soit une augmentation de 8 %, moyennant une hausse de salaire limitée, elle, à 3,1 %. LP

    Travailler plus pour gagner… un peu plus seulement. Mais tout en étant sûr de garder son travail. Voilà, en résumé, l'accord que la direction de PSA vient de signer ce vendredi avec trois syndicats FO, CFTC et CFE-CGC, de son site de Vesoul (Haute-Saône), le centre mondial de la logistique de pièces détachées du groupe.

    La signature scelle ainsi l'un des tout premiers « accords de performance collective » d'entreprise rendus possible par la réforme du Code du Travail menée par Emmanuel Macron. Un « donnant-donnant », estime ces syndicats, qui représentent à eux trois près de 80 % des 3 000 salariés du site (2 500 employés directement par PSA, et 500 provenant des différents sous-traitants installés sur place).

    Trois semaines d'«âpres négociations»

    L'accord, dont l'entrée en vigueur est prévue en septembre, autorisera le dépassement des 35 heures réglementaires, avec une compensation salariale de proportion moindre. Dans le détail, le temps de travail hebdomadaire de référence est ainsi porté à 37h45, soit une augmentation de 8 %, moyennant une hausse de salaire limitée, elle, à 3,1 %. Seule la CGT a refusé de signer, dénonçant une « casse des 35 heures » et l'instauration du « travail gratuit ».

    « Le site souffrait d'un écart de compétitivité de plus en plus marqué, objecte un porte-parole du groupe, du fait de la concurrence très agressive d'opérateurs internationaux et de nouveaux acteurs du e-commerce. Il était donc primordial qu'il s'adapte à ces nouvelles contraintes propres au secteur de la logistique. Ce que permettra la signature de cet accord. » Trois semaines d'« âpres négociations », selon l'expression même de l'ensemble des acteurs, ainsi que certaines concessions accordées par la direction, ont été nécessaires pour y parvenir.

    Pas de licenciement automatique en cas de refus

    « PSA s'engage à effectuer 80 embauches jusqu'en 2020, commente Anh-Quan Nguyen, délégué central CFE-CGC. Mais aussi à investir 20 millions d'euros dans la modernisation du site, qui en a besoin, ainsi qu'à ne pas sous-traiter ses nouveaux contrats. » Les salariés recevront, en outre, une « prime de performance » de 100 euros en fin d'année prochaine et la rémunération de leurs éventuelles heures supplémentaires, au-delà de 37h45 donc, sera majorée de 40 % jusqu'à 43 heures. Puis de 50 % ensuite.

    Enfin, contrairement à ce que prévoient les fameux « accords de performance collective », tout salarié qui refusera les nouvelles conditions ne sera pas automatiquement licencié, mais se verra proposer une mutation sur un autre site de PSA.

    Seul le site de Vesoul est concerné

    Lors du dernier Comité central d'entreprise (CCE), les 31 mai et 1er juin, la direction, qui trois mois avant avait présenté des résultats 2017 « historiques », s'était engagée à ce que ces négociations ne concernent que le site de Vesoul. « Elles étaient nécessaires du fait de l'activité spécifique du site autour de la logistique, confirme encore le porte-parole de la direction. Mais elles ne s'étendront à aucun autre site. »

    L'accord survient néanmoins dans un contexte de net ralentissement du marché. Après une progression de 10 % au mois d'avril, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), le nombre d'immatriculations en Europe sur le mois suivant a enregistré un net recul, stagnant à + 0,8 %, en raison notamment d'une baisse des livraisons en Allemagne et en Italie.