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Aviation : «La France est responsable de 33% des retards enregistrés au niveau européen»

Un rapport, rendu public par le Sénat ce lundi, pointe les mauvaises performances de la France dans le domaine aérien. Des retards importants, un matériel vétuste et de nombreux mouvements sociaux sont pointés du doigt.
par Corentin Lacoste
publié le 18 juin 2018 à 15h49

Un mauvais élève. C'est ainsi que pourraient être résumées les observations faites sur la France dans le rapport d'information sur la navigation aérienne, rendu public par le Sénat ce lundi 18 juin. Chiffre le plus marquant : la direction des services de la navigation aérienne (DNSA, qui gère l'espace aérien français) est «responsable de 33 % des retards enregistrées au niveau européen». Cela représenterait 300 millions d'euros de pertes sur l'année pour les compagnies aériennes.

Les mouvements sociaux sont ainsi mis en cause. Entre 2004 et 2016, la France a comptabilisé 254 jours de grève chez les contrôleurs aériens, chargés de la gestion des décollages, atterrissages et survols de leur aéroport. Un chiffre sans commune mesure en Europe, où la deuxième place revient à la Grèce, avec seulement 46 jours. «Chaque jour de grève en France a des conséquences sur le trafic européen beaucoup plus importantes que dans les autres pays d'Europe», relève Vincent Capo-Canellas, sénateur UDI et auteur du rapport, auprès du Parisien, car les contrôleurs aériens français gèrent l'un des ciels les plus fréquentés d'Europe.

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Le rapport met également en cause un système français vieillissant, en dépit des 2 millions d'euros dépensés depuis 2011 pour la modernisation du contrôle. Un retard important qui crée des situations absurdes : «L'Ecole nationale de l'aviation civile (Enac), qui forme les contrôleurs aériens, est considérée comme une référence en Europe et au-delà, rappelle le rapport. Les contrôleurs français y apprennent donc à utiliser des matériels dernier cri puis, lorsqu'ils sont affectés dans des centres en route, effectuent un retour dans le passé.»

Les conclusions du rapport sont d'autant plus préoccupantes alors que les aéroports français doivent faire face à un trafic en forte augmentation. En 2017, l'Hexagone a ainsi contrôlé plus de 3,1 millions de vols, avec parfois plus de 11 000 vols par jour. Une situation sans précédent qui pourrait toutefois se reproduire à l'approche des beaux jours.

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