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Monsanto attaqué en justice par un particulier atteint d'un cancer incurable

Dewayne Johnson est certain que son cancer a été causé par le pesticide Roundup. Il est le premier des centaines d'Américains accusant Monsanto d'être responsable de leur cancer à pouvoir témoigner lors d'un procès.

Par Leïla Marchand

Publié le 18 juin 2018 à 19:51

Les médecins de Dewayne Johnson ne pensaient pas qu'il vivrait assez longtemps pour pouvoir témoigner à son procès. Ce lundi, le Californien est pourtant devenu le premier particulier atteint d'un cancer à défendre son cas devant la justice face au géant agrochimique Monsanto.

Dewayne Johnson, 46 ans et habitant de la baie de Californie, a pulvérisé le tueur de mauvaises herbes de 20 à 30 fois par an lorsqu'il travaillait comme responsable antiparasitaire pour un établissement scolaire. Il a été diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien en 2014.

Et des centaines de personnes à travers les Etats-Unis tiennent le Roundup, herbicide commercialisé par le géant américain des semences (récemment racheté par le groupe allemand Bayer) , responsable de leur cancer.

Monsanto, responsable « du cancer à la peste noire »

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S'il a pu rapidement passer en jugement, c'est en raison des procédures accélérées dont peuvent bénéficier les personnes mourantes en Californie. Son oncologue lui a en effet annoncé qu'il ne lui restait que quelques mois à vivre.

Ses avocats, impliqués dans des procédures judiciaires du même genre dans plusieurs juridictions, considèrent que l'issue de ce procès sera un bon indicateur du déroulement des autres affaires, rapporte Bloomberg.

L'annonce de ce procès est « à peine apparue dans les radars des investisseurs », tempère de son côté un analyste de chez Sanford C. Bernstein & Co. interrogé par l'agence. « Il semble qu'il y ait toujours un procès quelque part prétendant que Monsanto est responsable de tout, du cancer à la peste noire ».

Sujet hautement sensible

Le glyphosate, molécule de synthèse découverte dans les années 50, est utilisé dans le Roundup depuis 1974. Devenu l'herbicide le plus utilisé au monde, il fait l'objet de multiples controverses, plaintes et procès et est devenu un dossier politique très sensible, notamment en France.

Ses opposants l'accusent d'avoir des effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine, tandis que Monsanto affirme depuis des décennies que son produit est parfaitement sûr.

Concernant les risques de cancer, une dizaine d'agences internationales (comme l'Anses, l'European Food Safety Agency et l'OMS ) classent le glyphosate comme non cancérogène. Seul le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), un organe de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a classé dès 2015 le glyphosate « cancérogène probable ».

Multiples procédures judiciaires en cours

Dans le cas de DeWayne Johnson, qui sera étudié cette semaine au tribunal de San Francisco, le Californien accuse Monsanto d'être responsable de son cancer mais également d'avoir dissimulé les risques cancérigènes de son produit. Quelque 4.000 plaignants poursuivent actuellement Monsanto pour les mêmes raisons aux Etats-Unis, selon « The Guardian ». De nombreux autres cas seront étudiés dans le cadre de « class actions » (actions de groupe).

Les cancers comme celui de Dewayne Johnson « prennent de nombreuses années à se former », a déjà déclaré Monsanto sur ce dossier. La courte période entre la première exposition de Johnson en 2012 et son diagnostic en 2014 « exclut tout lien de causalité possible ici », selon la société.

L'acquisition de Monsanto par Bayer s'étant achevée ce mois-ci pour 63 milliards de dollars, il est probable que Bayer héritera de la responsabilité juridique de Monsanto. D'après Bloomberg, Monsanto disposait en août d'un fonds de réserve de 277 millions de dollars dédié à la responsabilité environnementale et aux litiges.

Leïla Marchand

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