Le catholicisme, une contre-culture ?

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Le catholicisme, une contre-culture ?

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Le catholicisme, une contre-culture ?
Le catholicisme, une contre-culture ?
© Getty - myshkovsky

S’interroger sur la place du christianisme dans notre culture. Mais de quelle culture parle-t-on : d’une culture contemporaine reposant sur trois grands piliers que sont l’individu, la technique et le marché ? Les catholiques ont-ils un rôle central à jouer dans nos sociétés contemporaines ?

Dans son ouvrage Brève apologie pour un moment catholique Jean-Luc Marion, dont l’entrée à l’Académie fut marquée par un hommage vibrant au cardinal Lustiger, qu’il connut et conseilla, revient, dans une perspective historique, sur les liens qu’entretiennent l’Etat français et les catholiques. Les catholiques ont selon lui un rôle central à jouer dans nos sociétés contemporaines. Ceux-ci "ne cessent d’apporter à la communauté nationale dans son ensemble", tout particulièrement dans des domaines où la présence de l’Etat s’est affaiblie, tels que la solidarité économique, la santé, l’éducation, le chômage. Producteurs de communion l’implication des catholiques pourrait être une solution au déficit de fraternités qui mine nos sociétés. Créateur de liens et d’unité, le catholicisme est créateur de cohésion nationale, dans une société décousue par l’individualisme. 

Jean-Pierre Denis s’interroge lui aussi sur la place du christianisme dans notre culture. Mais de quelle culture parle-t-on vraiment ici ? A son sens d’une culture contemporaine reposant sur trois grands piliers que sont l’individu, la technique et le marché. Mais où est passé le christianisme dans tout ça ? A-t-il été évacué, marginalisé, voire récupéré ? 

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Jean-Pierre Denis perçoit le christianisme comme une nouvelle contre-culture. Auparavant au centre de la culture, celui-ci est aujourd’hui devenu marginal. Pourtant, cette position de marginalité n’est pas forcément négative. Le christianisme permet d’"ouvrir une fenêtre sur l’invisible". Il permet de refonder du sens sur des valeurs "faibles" qui ont pu être mises de côté et qui sont donc dans ce sens "contre-culturelles", telles que la charité, la chasteté, la fragilité ou la pauvreté. 

Ce terme de contre-culture, loin d’être étranger au vocabulaire de l’Eglise, a même été utilisé par ses plus hauts dignitaires. Dans son encyclique Laudato Si, le Pape François déclare que "choisir un style de vie avec des objectifs qui peuvent être au moins en partie, indépendants de la technique, de ses coûts comme des ses pouvoirs de globalisation et de massification" peut être assimilé à une forme de contre-culture. 

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Un débat enregistré en juin 2018, à l’occasion de la clôture du cycle de l’Observatoire de la modernité.

Jean-Luc Marion, académicien et philosophe

Jean-Pierre Denis, directeur des rédactions du magazine "La Vie".

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