Les arsenaux nucléaires se maintiennent ou se réduisent… sauf en Asie

Le 7 juillet 2017, l’Assemblée générale des Nations unies a voté le Traité sur l’intediction des armes nucléaires [122 pays sur 192 l’ont approuvé, ndlr]. Et, étant donné que plus de 50 États l’ont ratifié (dont le Vatican), ce texte, qui préconise une interdiction totale du développement, du stockage et de la menace d’utilisation d’armes nucléaires, est depuis entré en application.

Sans surprise, les puissance nucléaires, qu’elles soient reconnues ou non, ont refusé ce traité, de même que les membres de l’Otan. Selon un rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), il y a actuellement dans le monde, 14.465 ogives nucléaires, dont 3.750 sont déployées, c’est à dire « placées sur des missiles ou situées sur des bases avec les forces opérationnelles. »

Le nombre d’ogives nucléaires ne cesse de diminuer. Entre 2010 et 2016, il est en effet passé de 22.600 à 15.385 unités (soit -30%). Seulement, cette baisse tend à s’amoindrir : entre 2017 et 2018, l’on ne compte que 30 ogives nucléaires en moins.

Cette réduction des arsenaux nucléaires est exclusivement le fait de la mise en application du traité New START [Strategic Arms Reduction Treaty] qui, entré en vigueur en 2011, concerne les États-Unis et la Russie. Au passage, ces deux pays détiennent 92% des armes nucléaires mondiales.

Pour rappel, le New START, que le président Trump a critiqué lors d’une conversation avec Vladimir Poutine, son homologue russe, prévoit une baisse de 30% des armes nucléaires détenues par la Russie et les États-Unis et limite à 700 le nombre de vecteurs pour les mettre en oeuvre.

En 2018, les États-Unis et la Russie détiennent respectivement 1.750 et 1.600 ogives déployées. Mais les forces russes comptent, au total, 7.000 ogives, soit 200 de plus que leurs homologues américaines.

Cependant, ces deux pays modernisent les porteurs et les vecteurs de ces têtes nucléaires. La Russie a d’ailleurs pris un peu d’avance avec l’entrée en service de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et autres missiles balistiques. Quant aux États-Unis, ce processus, confirmé par la dernière Nuclear Posture Review (NPR), est en cours, avec notamment le développent du bombardier stratégique B-21 Raider.

En Europe, les arsenaux britanniques et français n’ont pas évolué numériquement : le Royaume-Uni dispose toujours de 215 têtes nucléaires tandis que la France en compte 300 (ce qui correspond au seuil de « stricte suffisance »). Ces deux pays ont lancé – ou sont sur le point de le faire – des programmes visant à moderniser leurs forces stratégiques respectives. La Royal Navy devrait disposer de nouveaux SNLE (de la classe Dreadnought) tandis que la Loi de programmation militaire 2019-25 française prépare le renouvellement des SNLE de la classe « Triomphant » et le remplacement des missiles ASMP-A par des engins hypersoniques.

La posture nucléaire d’Israël – qui n’a jamais reconnu détenir de telles armes – reste également inchangée, le Sipri estimant son arsenal à 80 ogives.

En revanche, d’autres puissances nucléaires ne sont pas dans une logique de désarmement. L’Inde et le Pakistan se livrent ainsi à une sorte de « course-poursuite ». Entre 2017 et 2018, ces deux pays ont en effet augmenté leur arsenal nucléaire, de 10 à 20 unités chacun. Les forces indiennes comptent ainsi 130-140 têtes nucléaires, soit 10-20 de moins que leurs homologues pakistanaises.

Sans faire de bruit, la Chine continue d’augmenter son potentiel nucléaire. En 2013, elle disposait de 250 ogives nucléaire. Six ans plus tard, elle en compte 280. Et a priori, si Pékin le souhaite, les forces chinoises n’auraient aucun mal à renforcer leur arsenal. Selon un rapport de l’Union of Concerned Scientists, un groupe d’étude de scientifiques américains, l’Empire du Milieu aurait assez de matière fissile pour produire au moins 380 têtes nucléaire supplémentaires (voire 880, selon les estimations les plus hautes) [.pdf].

Cela étant, le souci de la Chine concerne les porteurs et les vecteurs pour mettre en oeuvre ces armes nucléaires. Même s’ils ont fait des progrès, ses sous-marins sont réputés trop bruyants, et donc facilement détectables. L’exemple du SNA de type 093 [classe Shang, qui n’emporte pas de missiles nucléaires, ndlr] répéré par la marine japonaise, en janvier dernier, a fait coulé beaucoup d’encre…

Enfin, s’agissant de la Corée du Nord, le Sipri évalue son arsenal à 10-20 ogives nucléaires (comme l’an passé). Mais, souligne l’institut suédois, Pyongyang a, en 2017, « continué de faire des progrès techniques dans le développement de ses capacités en matière d’armes nucléaires, dont le test en septembre de ce qui était censé être une arme thermonucléaire. »

Et d’ajouter : « La Corée du Nord a également fait preuve de progrès rapides et inattendus dans l’essai de deux nouveaux types de systèmes de lancement de missiles balistiques à longue portée. »

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