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Privatisations : le gouvernement a arrêté sa nouvelle ligne de conduite

Le gouvernement a donné le coup d'envoi à une nouvelle vague de privatisations de 10 milliards d'euros. Mais ce niveau devrait être dépassé. Après Aéroports de Paris (ADP), la Française des Jeux (FDJ) et Engie, d'autres opérations sont à venir.

Bruno Le Maire (à gauche), le ministre de l'Economie, en déplacement sur le site d'ADP, la première entreprise à inaugurer la nouvelle doctrine de l'Etat actionnaire.
Bruno Le Maire (à gauche), le ministre de l'Economie, en déplacement sur le site d'ADP, la première entreprise à inaugurer la nouvelle doctrine de l'Etat actionnaire. (Hamilton/REA)

Par Renaud Honoré, Ingrid Feuerstein

Publié le 22 juin 2018 à 18:20

Ce mois de juin est le mois des coups d'envoi. Loin de la Coupe du monde russe, le gouvernement a donné cette semaine celui d' une nouvelle vague de privatisations, à travers la décision de céder des participations dans Aéroports de Paris (ADP), la Française des Jeux (FDJ) et Engie. L'objectif est de récolter 10 milliards d'euros pour doter le Fonds pour l'innovation. Mais à Bercy, on ne s'en cache pas : ce seuil des 10 milliards d'euros n'est pas un plafond, et il y aura sans doute d'autres opérations à suivre.

« Nous souhaitons rester dans les secteurs stratégiques comme la défense et le nucléaire civil, dans les grandes entreprises de service public national (SNCF, La Poste, RATP…) et dans les entreprises qui présentent un risque systémique », indique une source à Bercy. En clair, tout ce qui ne relève pas de ces trois catégories est négociable. Ce qui pose la question du maintien de l'Etat dans Orange, Air France, ou encore dans le secteur automobile. Et ce d'autant plus que l'Etat s'est engagé à reprendre 35 milliards de dette de la SNCF entre 2020 et 2022. A Bercy, on assume que des cessions seront nécessaires pour limiter l'impact de cette reprise de dette sur les finances publiques.

Nouvelle feuille de route

Cette situation découle de la nouvelle doctrine assignée depuis quelques mois à l'Agence des participations de l'Etat (APE). Durant la campagne, le discours d'Emmanuel Macron sur le rôle dévolu à l'Etat actionnaire était resté prudent. Rien de très précis, sinon la mention de la création de ce Fonds pour l'innovation. Lors de son séjour à Bercy, le chef de l'Etat avait donné dans le « en même temps », ouvert aux cessions quand il disait « s'interroger sur la pertinence de nos niveaux de détention » et prêt à jouer des muscles pour s'imposer dans une entreprise concurrentielle comme chez Renault, face à Carlos Ghosn.

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Les choses ont depuis été clarifiées. L'APE s'est dotée de cette nouvelle feuille de route, qui identifie les trois catégories où l'Etat actionnaire doit concentrer ses efforts. Une doctrine beaucoup plus restreinte que celle qui avait été lancée sous François Hollande en janvier 2014. A l'époque, l'Etat s'était donné quatre lignes directrices : investir dans les secteurs sensibles pour la souveraineté française (défense, etc.), nécessaires aux besoins fondamentaux du pays, déterminants pour la croissance ou, de façon ponctuelle, en cas de défaillance d'une entreprise avec un risque systémique. Des catégories un peu fourre-tout, jugées peu opérationnelles à Bercy.

VIDEO. Est-ce le grand retour des privatisations en France ?

Cadre clair de régulation

Désormais, le gouvernement assume donc que l'Etat ne soit plus actionnaire dans certains domaines où il a beaucoup investi dans le passé, estimant que le contrôle public peut également passer par un cadre clair de régulation. La première entreprise à inaugurer cette doctrine est ADP. Le projet de loi Pacte, présenté lundi en Conseil des ministres, pose les bases d'une sortie de l'Etat, tout en créant quelques garde-fous, comme la création d'une « quasi-concession » sur une durée de soixante-dix ans.

Limpide sur le papier, cette nouvelle doctrine ne débouchera pas pour autant nécessairement sur des cessions massives. Car l'Etat fixe tout de même quelques lignes rouges. « La cession partielle ou totale dans les autres entreprises peut se faire à condition qu'elle soit bénéfique au développement de l'entreprise et que l'ancrage français ou européen soit garanti », explique une source au ministère des Finances. A Bercy, on observe ainsi avec attention la montée en puissance des acteurs chinois et la tentative récente de prise de contrôle de l'électricien portugais EDP par China Three Gorges est vue comme un épouvantail.

Avant de vendre, l'Etat doit donc trouver le repreneur idéal. Or, pour certaines participations, comme Orange ou PSA, l'équation n'a rien d'évident. Le dossier Air France - même si l'hypothèse d'un rapprochement avec Accor paraît compliquée à réaliser - fera sans doute office de test quant à la volonté de l'exécutif de rompre avec les schémas anciens.

Ingrid Feuerstein

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