Guérir par le sommeil
Stimuler le cerveau endormi pourrait soulager les personnes souffrant de pertes de mémoire, d’accidents vasculaires cérébraux ou de troubles de la santé mentale.
Mal dormi ? Prudence, le manque de sommeil perturbe aussi bien la santé que les capacités de travail. Avec des conséquences économiques qui se chiffreraient à plus de 100 milliards d’euros par an pour un pays comme la France !
Plus d’un Français sur trois a des problèmes de sommeil, selon une enquête menée par l’Institut national du sommeil et de la vigilance en 2012. Avec de multiples conséquences sur la santé : augmentation du risque de dépression, de diabète, d’AVC, d’obésité, d’hypertension, mais aussi d’accidents de la route, en raison des sautes de concentration que cela entraîne. Les spécialistes recommandent donc d’investir massivement dans les programmes de prévention, comme cela a été fait dans de nombreux pays pour le tabac et l’alcool. Pas facile, toutefois, de convaincre les décideurs politiques en ces temps de disette budgétaire.
Les travaux que vient de publier une équipe australienne menée par David Hillman devraient aider les promoteurs du sommeil. Les chercheurs ont estimé le coût associé aux mauvaises nuits. Ils aboutissent au chiffre de 45,2 milliards de dollars (38,4 milliards d’euros) par an pour leur pays. Ce qui représenterait pour la France (dont la population est 2,7 fois plus nombreuse) plus de 103 milliards d’euros, soit près d’une fois et demie le déficit annuel du pays !
Pour obtenir ce chiffre, David Hillman et ses collègues ont pris en compte de multiples coûts directs et indirects. Une partie concerne la prise en charge médicale du cortège de pathologies et d’accidents associés au manque de sommeil, tandis qu’une autre est liée à la baisse de productivité qu’il entraîne, notamment en accroissant l’absentéisme et les difficultés de concentration au travail. Les chercheurs ont aussi estimé un « coût non financier » associé à la perte de bien-être. En gros, celui-ci quantifie les sommes que les gens accepteraient de consacrer à des mesures limitant les conséquences néfastes du manque de sommeil sur leur confort de vie.
Au final, les chercheurs évaluent le coût financier à 15,2 milliards d’euros et le coût non financier à 23,2 milliards d’euros, aboutissant à ce total de 38,4 milliards. Et la facture ne devrait faire que s’accroître, puisque l’« épidémie mondiale » de manque de sommeil semble s’étendre de plus en plus : en 2016, elle touchait 33 à 45 % des adultes, selon une autre étude australienne ! La faute à l’invasion des écrans, certes, mais aussi à notre habitude de faire passer le sommeil après notre vie sociale, familiale ou professionnelle.
Comment endiguer l’épidémie ? Des campagnes de prévention pourraient promouvoir des mesures simples d’« hygiène du sommeil », afin de réaccorder à nos nuits toute l’importance qu’elles méritent : couper les écrans un certain temps avant d’aller se coucher, limiter l’alcool le soir, contrôler la température de la chambre (l’idéal étant 18 °C), éteindre son téléphone…
Bref, tous au lit pour éviter la banqueroute ! Après « travailler plus pour gagner plus », le nouveau slogan du xxie siècle sera-t-il « dormir plus pour perdre moins » ?
D. Hillman et al., The economic cost of inadequate sleep, Sleep, le 4 juin 2018.
Stimuler le cerveau endormi pourrait soulager les personnes souffrant de pertes de mémoire, d’accidents vasculaires cérébraux ou de troubles de la santé mentale.
Une étude récente révèle que durant certaines phases du sommeil, nous sommes capables de répondre à des paroles externes. Cette découverte ouvre la voie à une exploration originale des rêves lucides ou des troubles du sommeil, nous explique Delphine Oudiette, chercheuse à l’Institut du cerveau, qui a dirigé cette étude.
C’est une baisse soudaine de température qui semble être à l’origine du sommeil de notre cerveau. Cette légère hypothermie serait nécessaire pour réparer les dégâts subis par les neurones au cours de la journée. Mais pour pouvoir oeuvrer, elle doit mettre notre conscience en pause…
La mutation dans un récepteur neuronal serait à l’origine de la capacité des « petits dormeurs » à dormir moins sans voir leurs performances cognitives diminuer.
À l'heure où nous dormons de moins en moins, quels sont les effets du manque de sommeil sur nos capacités cognitives ? Récemment, des laboratoires ont repéré les changements délétères qui se jouent dans nos cerveaux. Plus que jamais, il est temps de prendre son sommeil au sérieux.
L’otarie à fourrure du Nord se passe de sommeil paradoxal en mer, mais pas à terre. Cette phase de sommeil servirait alors à maintenir la température du cerveau du mammifère.