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Des SMS « intelligents » au secours des écoliers kényans

La créativité africaine dopée par l’intelligence artificielle (4/7). Pour lutter contre l’échec scolaire, le service de soutien M-Shule s’adapte au rythme de chaque élève.

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Publié le 20 juin 2018 à 11h12, modifié le 20 juin 2018 à 11h12

Temps de Lecture 2 min.

Les questions par SMS envoyées par le programme M-Shule permettent aux enfants de réviser leurs leçons de maths et d’anglais.

Quillinah et Janet ont une nouvelle routine. Après l’école, ces sœurs kényanes de 12 et 14 ans rentrent à la maison et « demandent mon portable », raconte leur mère, Robai Tsisienya. « Nous vivons dans une pièce unique, elles s’installent sur le lit et, à tour de rôle, travaillent mathématiques et anglais sur mon téléphone»

Robai, qui habite seule avec ses filles dans le bidonville de Kayole, à l’est de Nairobi, s’est abonnée pour 100 shillings kényans par mois (0,84 euro) à l’application de soutien scolaire M-Shule. « Parfois, ce n’est pas simple de payer. Mais, avant, leurs notes étaient sous la moyenne, et maintenant elles sont au-dessus », se réjouit-elle.

Pas besoin de smartphone

C’est au Bethlehem Community Centre que Quillinah et Janet ont découvert cette aide numérique par téléphone interposé. Leur collège a servi de pilote, comme quatorze autres établissements de la région : près de 380 élèves ont testé l’application de mai à novembre 2017 et « les notes moyennes sur la période ont augmenté de 23 % », précise Claire Mongeau, 29 ans, cofondatrice de M-Shule. « Notre approche technologique est encore inédite au Kenya, poursuit l’entrepreneuse américaine. Les questions posées à l’élève sont conçues par un algorithme d’intelligence artificielle. »

L’idée de M-Shule est née d’une rencontre fortuite, en novembre 2016, lors de la conférence « EdTech East Africa Meetup », à Nairobi. Claire Mongeau, alors salariée d’une école privée kényane, échange avec Julie Otieno, un informaticien diplômé de l’université Strathmore, à Nairobi. Ces deux férus d’éducation mettent leurs idées en commun. « Près de la moitié des 149 millions d’élèves de primaire en Afrique subsaharienne sont en échec scolaire, explique Claire Mongeau. Nous voulions toucher les zones les plus défavorisées, d’où notre choix de créer une application consultable sur un simple téléphone portable. »

Les deux créateurs reçoivent le soutien de l’ONG canadienne Engineers Without Borders, qui leur envoie gracieusement un spécialiste en data et un en communication numérique pour consolider le projet.

Newsletter destinée aux parents

M-Shule s’inscrit dans la tendance mondiale de « l’apprentissage adaptatif » (adaptive learning), une démarche pédagogique utilisant tout à la fois les données personnelles, l’intelligence artificielle, les neurosciences et la psychologie cognitive. La promesse affichée par ces formations est de s’adapter au rythme d’apprentissage, aux difficultés et aux facilités de chacun. Un secteur émergent dont les entreprises pionnières sont, entre autres, Knewton, DreamBox et ScootPad aux Etats-Unis, Mathspace en Australie et Mindspark en Inde. « Le gouvernement kényan remanie actuellement tous les programmes. Il prône la multidisciplinarité, la culture numérique et le travail collaboratif. Nous nous inscrivons parfaitement dans cette mutation », note Claire Mongeau.

Lancée officiellement en janvier, l’application « a déjà convaincu 70 écoles de Nairobi et des environs, qui en font la promotion auprès de leurs élèves », explique l’entrepreneuse. La start-up, qui a reçu le 21 mai le troisième prix du Cisco Global Problem Solver Challenge, une compétition mondiale de start-up, entend élargir son action aux zones périurbaines et rurales. Une newsletter sur WhatsApp vient d’être lancée pour toucher les parents qui n’ont pas accès à Internet. Quillinah et Janet, elles, savent déjà ce qu’elles veulent faire plus tard : la première veut être « comptable », dit-elle, et son aînée « infirmière ».

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