La volonté d’afficher une forte unité est claire. Suite à leur rencontre bilatérale mardi 19 juin, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont adopté un texte commun, la “déclaration Meseberg”, qui contient principalement des lignes directrices pour un futur budget commun de la zone euro ou encore “des mesures pour résoudre la crise migratoire et renforcer les frontières de l’Union, notamment en élargissant Frontext, l’agence européenne des frontièresrésume le Financial Times.

Angela Merkel joue sa survie politique sur la crise migratoire

La chancelière allemande ressort renforcée de cette rencontre, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle qui est prise dans un bras de fer avec son ministre de l’Intérieur peut compter sur le président français. “Macron soutient Merkel dans sa politique d’asile […] la France s’est dite prête à coopérer avec l’Allemagne”. Les changements prévus impliquent notamment des discussions de Berlin avec les autres États membres “pour s’entendre avec eux sur le fait que les demandeurs d’asile déjà enregistrés et déboutés soient reconduits à la frontière allemande”.

Angela Merkel n’est pourtant toujours pas tirée d’affaire à plus long terme. Le quotidien italien Corriere della Serra voit la séquence comme le “premier acte d’une offensive diplomatique dont l’objectif immédiat n’est ni plus ni moins que d’assurer la survie politique” de la chancelière.

Pour le budget commun de l’eurozone, de nombreux détails laissés de côté

Les bases d’un budget commun pour les 19 pays de l’eurozone ont été posées par la déclaration Meseberg. “L’accord […] marque une importante victoire pour le président Emmanuel Macron, qui a longtemps défendu une telle mesure”, analyse Bloomberg. Du côté allemand, la concession prend la forme “d’un investissement dans la limite de deux milliards d’euros” pour le montant global, relève la Süddeutsche Zeitung pour qui “de nombreux points restent flous”. Le quotidien précise que “le montant ne sera pas le seul point de discussion lors du sommet [européen des 28 et 29 juin]” il restera à déterminer “d’où viendra l’argent”.

La victoire diplomatique française est donc à relativiser. “L’accord est important symboliquement, mais il reste en deçà des espoirs françaistempère le Financial Times. Dans le but de conclure le deal, Macron a en effet dû laisser “d’importants détails de côté” comme les questions de gouvernance autour du futur filet de sécurité commun, prévu pour “renforcer le système de l’eurozone pour renflouer les banques en faillite”. À ce sujet :

Berlin a insisté pour que toute utilisation de ce filet soit approuvée par le Parlement allemand, tandis que le gouvernement français et les autorités de l’eurozone craignent que cela ne sape la crédibilité de ce mécanisme auprès des marchés financiers.”

Convaincre les autres États membre

Le couple franco-allemand doit désormais s’adresser à ses 17 autres partenaires de la zone euro, et plus largement à tous les États membres de l’Union européenne. Concernant la crise migratoire, le Corriere della Serra souligne que le chef d’État français “a également lancé un avertissement à l’Italie […] : ‘nous ne pouvons répondre de manière efficiente si nous ne nous coordonnons pas’”. Ce qui intervient dans un contexte de trêve dans la crise des relations entre la France et l’Italie.

Pour autant, d’autres États devraient être plus faciles à persuader sur le projet monétaire. Pour le journal portugais Observador ce qui compte surtout c’est de créer l’impulsion :

Le fait que les deux principales puissances européennes s’accordent sur ce point, dans la discussion sur l’approfondissement du club de la monnaie unique, donne un signal fort aux autres pays.

D’ailleurs, “à Lisbonne, l’idée d’un budget commun récolte des soutiens de poids.” Comme celui d’Antonio Costas, Premier ministre, qui a déclaré aux eurodéputés il y a déjà deux mois “​nous devons tout faire pour conclure ces dossiers pendant votre mandat”.