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Un an après, François Ruffin se paye toujours au Smic : "La prochaine fois, je m'accorderai une augmentation"
François Ruffin touche 5.000 euros net par mois de l'Assemblée nationale.
PHILIPPE HUGUEN / AFP

Un an après, François Ruffin se paye toujours au Smic : "La prochaine fois, je m'accorderai une augmentation"

Ruffin, l'heure du bilan

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François Ruffin, qui reverse chaque mois 3.000 euros de son salaire à des associations comme il s'y était engagé, regrette à demi-mot son choix de se payer au Smic durant tout son mandat de député : "J'aurais dû dire salaire médian ou moyen". Explications.

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Toute cette semaine, Marianne passe au crible la première année de député de François Ruffin qui a promis, lors de son élection comme député dela France insoumise(LFI) en 2017, de faire de la politique autrement. Aprèsnous être rendu dans sa circonscription de Picardie, à Abbeville, etavoir interrogé l'élu sur son bilan, nous nous sommes intéressésà ses réseaux militants, qui lui ont permis de s'imposer comme le héraut d'une partie de la gauche. Dans l'article ci-dessous, il revient sur sa promesse de campagne de se payer au Smic.

Lancer une promesse électorale prend cinq secondes, la tenir prend cinq ans. François Ruffin s'en rend bien compte : pendant sa campagne pour les élections législatives, le député de la Somme s'est engagé à se payer au Smic pendant tout son mandat. Ce qu'il regrette aujourd'hui à demi-mots. "Je me suis engagé, donc je le fais. Mais bon, franchement, j’aurais dû dire salaire médian ou salaire moyen... C’est peut-être plus pertinent", explique-t-il auprès de Marianne, qui l'a interrogé sur l'utilisation de son indemnité à l'occasion d'un entretien sur sa première année à l'Assemblée nationale. De quoi faire râler un peu le parlementaire-reporter : "Toutes ces questions ne m'intéressent pas, je ne crois pas non plus qu'elles intéressent tellement les gens, mais bon après, vous allez penser que je me défile".

S'il se représente aux prochaines élections législatives, ce qui n'est pas acté, tient-il à préciser - " je ne sais pas si je referai un mandat, je vais déjà terminer celui-là" - , le rédacteur en chef de Fakir exclut de repartir sur les mêmes bases financières : "Je crois que la prochaine fois, je m'accorderai une augmentation de salaire".

1.100 euros pour Ruffin et 3.000 euros à des assos

Dans le détail, François Ruffin perçoit aujourd'hui 7.209,74 euros brut mensuel, soit 5.800 euros net. Il reverse 1.100 euros par mois sur son compte et donne tous les mois 3.000 euros à des associations. Comment celles-ci sont-elles choisies ? "Cela dépend des rencontres", nous détaille le député. Comme j’ai beaucoup travaillé sur l’agriculture, j’ai donné à des assos de paysans, ou pour l’abattage à la ferme. Quand j’ai travaillé sur la pêche électrique, j’ai versé 1.000 à Bloom, qui lutte efficacement contre. J’ai aussi donné pour les victimes de la Dépakine, un sujet qui me tient à cœur. Sur mes dossiers, je repère les gens qui bossent, dont j'utilise les infos". Et quand aucune association ne se dégage ? "Quand je ne sais pas à qui donner, je donne 1.000 euros au Secours Populaire", sourit-il.

Un bref calcul permet de constater que François Ruffin conserve non pas 1.100 euros, mais 2.800 euros tous les mois de son indemnité parlementaire. C'est qu'une somme d'un peu moins de 20.000 euros annuels est provisionnée pour payer les impôts du député à la fin de l'année. "Le reste est destiné à payer les impôts. On ne sait pas exactement à quel montant ils vont s’élever mais de toute façon, tout ce qui dépasse 1.100 euros par mois sera reversé", expose l'élu.

Si le député semble aujourd'hui à l'abri - mais pas forcément pour très longtemps -, c'est que son film Merci Patron ! lui a rapporté beaucoup d'argent. Les 500.000 entrées du documentaire satirique, ainsi que les ventes du DVD, ont permis à François Ruffin d'engranger 143.528 euros en 2017 et environ autant en 2018, indique son entourage. Une somme de laquelle il convient de déduire les impôts et cotisations, mais qui permet de voir venir.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne