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Santé

"Médecin homéopathe, ça n'existe pas" pour l'Ordre des médecins

La formule est du vice-président de l'Ordre des médecins, Jacques Lucas. Sortant de sa réserve, le Conseil catégorise l'homéopathie parmi les prescriptions adjuvantes ou complémentaires à la médecine "éprouvée par la science".

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L'Ordre des médecins ne reconnait pas l'homéopathie comme une médecine "éprouvée par la science"

L'Ordre affirme clairement que l'homéopathie et les médecines alternatives ne doivent jamais être le premier remède proposé.

GARO / Phanie / AFP

L'Ordre des médecins a publié mardi 19 juin 2018 une "mise au point" sur l'homéopathie, qu'il a rangée dans les pratiques "non éprouvées" par la science, et qu'il ne reconnaît pas comme spécialité. Il n'exclut cependant pas la possibilité d'ajouter au traitement "une prescription adjuvante ou complémentaire" appréciée "en conscience" par le médecin.

HOMEOPATHIE. L'homéopathie, inventée en 1796 par le médecin allemand Samuel Hahnemann, consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale pour guérir. La France est le pays du numéro un mondial des préparations homéopathiques, les Laboratoires Boiron. Tout généraliste peut en prescrire, et le pays compte en plus quelque 5.000 médecins homéopathiques, dont la spécialité n'est pas reconnue par l'Ordre.

Le débat sur le bien-fondé du remboursement de l'homéopathie fait rage

Un débat sur l'homéopathie et autres médecines dites "alternatives" agite la communauté médicale depuis la publication mi-mars 2018 dans Le Figaro d'une tribune de 124 médecins contre cette pratique qu'ils rangeaient parmi les "disciplines ésotériques". Ils plaidaient pour l'arrêt du remboursement par la Sécurité sociale, comme chez la plupart des voisins de la France. Le 16 juin 2018, le quotidien Libération a relancé ce qu'il appelait lui-même une "guéguerre", en publiant un dossier plutôt favorable à l'homéopathie. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est de son côté dite favorable au maintien du remboursement de l'homéopathie, médecine qui selon elle a "probablement un effet placebo" mais "ne fait pas de mal" sur RMC/BFMTV jeudi 12 avril 2018.

En réponse à la tribune des 124 médecins contre les médecines alternatives, l'Ordre des médecins avait à l'époque expliqué n'avoir aucune "compétence institutionnelle pour se prononcer" sur les "aspects scientifiques" de l'homéopathie, et avait demandé à l'Académie nationale de médecine et au ministère de la Santé "de bien vouloir se saisir de nouveau du sujet". Dans ce nouveau communiqué, l'Ordre décide malgré tout de se positionner sur le sujet des "prescriptions adjuvantes ou complémentaires", comme il les appelle, trouvant le terme de "médecine alternative et complémentaire" confus. "Le traitement préconisé par un médecin ne peut, en aucun cas, être alternatif aux données acquises de la science et à l’état de l’art", précise l'Ordre.

Les "médecines alternatives" ne peuvent pas se substituer à la médecine fondée sur les preuves, d'après l'Ordre des médecins

Sans prendre position sur la question du remboursement, l'Ordre affirme clairement que l'homéopathie et les médecines alternatives ne doivent jamais être le premier remède proposé. "Tout médecin doit exercer la médecine conformément aux données acquises de la science, tant dans l'élaboration du diagnostic que dans la proposition d'un traitement", a-t-il écrit. "Le Conseil national réaffirme, en conséquence, que la prise en charge médicale d'un patient doit être conforme aux exigences de qualité et de sécurité des soins, voire de leur urgence. Le traitement préconisé par un médecin ne peut, en aucun cas, être alternatif aux données acquises de la science et à l'état de l'art", a-t-il ajouté.

L'Ordre laisse cependant une place à l'homéopathie et aux médecines complémentaires. Selon lui, un traitement "peut comporter une prescription adjuvante ou complémentaire, médicamenteuse ou autre, que le médecin apprécie en conscience dans chaque situation, après avoir délivré au patient une information loyale, claire et appropriée". Mais "le code de la santé publique relatif à la déontologie médicale interdit de présenter comme salutaires et sans danger des prises en charge ou des thérapeutiques non éprouvées", rappelle l'Ordre des médecins.

Réévaluation des services rendus par l'homéopathie

"Médecin homéopathe, ça n'existe pas", a souligné lors d'une conférence de presse le vice-président de l'Ordre, Jacques Lucas. L'instance est favorable à la disparition de cette expression des plaques des médecins, souhaitant qu'elles ne mentionnent que des spécialités reconnues. La mention "homéopathie" reste autorisée, en dessous par exemple de "médecin généraliste" ou "médecin cancérologue". L'Ordre a appelé de ses vœux une évaluation de l'utilité thérapeutique de l'homéopathie par la Haute Autorité de santé, autorité indépendante qui définit les bonnes pratiques de soins. "S'il n'y a pas de service médical rendu, il appartiendra au ministère de prendre les décisions qui s'imposent", a déclaré M. Lucas. "J'espère que les universités en tireront les conclusions", a ajouté le président de l'Ordre Patrick Bouet, en évoquant les formations universitaires en homéopathie, non reconnues.

Avec AFP.

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