Consommer des produits bios, éthiques, responsables, d’accord… mais pour avoir un réel impact sur l’emploi en France, encore faut-il que ces biens soient labellisés « made in France ». Selon une étude du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) publiée mercredi 20 juin, la relocalisation en France de 10 % des biens actuellement importés pourrait créer environ 150 000 emplois.

« Acheter français, c’est créer de l’emploi dans le pays »

Même si les importations de biens ont tendance à augmenter, trois Français sur quatre se disent prêts à payer plus cher pour consommer du « made in France », selon un sondage Ifop en 2017.

Pourquoi ? Pour « créer des emplois en France, souligne l’ancien ministre Yves Jégo, créateur du label Origine France Garantie. Acheter français, c’est créer de l’emploi, mais aussi promouvoir le développement durable et s’assurer de la traçabilité des produits. »

Une production nationale en hausse de 11,2 milliards d’euros

Dans son rapport, le COE, organisme de réflexion placé auprès du premier ministre, relève que si 10 % des biens importés et consommés en France étaient produits sur le territoire national, la production française augmenterait de 11,2 milliards d’euros.

Consommation responsable : une opportunité pour l’emploi ?

Rapport du Conseil d'orientation pour l'emploi

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Les effets sur l’emploi seraient, dans tous les cas de figure, positifs, alors que le chômage s’élève à 2,7 millions de demandeurs d’emploi au premier trimestre 2018 au sens du Bureau international du travail (BIT).

Le rapport du COE envisage deux scénarios

Pour quantifier les effets de la consommation de produits « made in France » sur l’emploi, le COE envisage deux scénarios. Dans le premier, les ménages « consomment moins au total » en raison du prix élevé des produits français par rapport aux biens importés à bas coût. La création nette d’emplois atteint 150 000 emplois.

Dans le second, les ménages préfèrent acheter la même quantité de produits qu’avant, ce qui occasionne 2,4 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Mais cette dépense oblige à un arbitrage qui se fait au détriment d’un autre poste de consommation : les services. Par conséquent, 190 000 emplois seraient créés par la relocalisation, mais 35 000 emplois seraient détruits dans les services. Soit un solde net de 155 000 emplois.

Pour Fabienne Delahaye, fondatrice du salon du Made in France à Paris, où s’exposent chaque année 450 professionnels du secteur, les ménages « doivent prendre conscience du pouvoir qu’ils ont de dynamiser l’industrie nationale grâce à leur choix de consommation. Il est évident qu’acheter français impacte les créations d’emploi sur le territoire ».

La nécessité d’une « offre productive française »

Encore faut-il que la production française soit capable de s’adapter à ces nouvelles demandes. Il faut que « l’offre productive française soit au rendez-vousen volume, en compétitivité, en compétences », prévient la présidente de COE, Marie-Claire Carrère-Gée. Ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui : le bio, par exemple, voit sa consommation progresser mais avec toujours plus d’importations.

« Derrière la carte d’électeur, la carte bleue est l’arme la plus puissante dont disposent les ménages, martèle Yves Jégo : par leurs « actes d’achat », ils peuvent inciter les entreprises à la relocalisation et à la création d’emplois en France. »