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Matteo Salvini envisage de lever la protection policière de Roberto Saviano, auteur de "Gomorra" menacé de mort
Roberto Saviano fait l'objet d'une protection policière depuis 12 ans.
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Matteo Salvini envisage de lever la protection policière de Roberto Saviano, auteur de "Gomorra" menacé de mort

Danger public

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Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, a annoncé vouloir réévaluer le dispositif de protection policière de Roberto Saviano, auteur de l'enquête sur la mafia napolitaine "Gomorra". Menacé de mort, ce dernier vit sous protection permanente de l'Etat italien depuis 12 ans.

En devenant ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini n'a visiblement pas gagné en retenue. Le patron de la Ligue du nord use toujours autant de l'intimidation pour tenter de faire taire ses détracteurs. Invité ce jeudi 21 juin de la Rai 3, chaîne de télévision publique italienne, Salvini a annoncé vouloir réévaluer le dispositif de protection policière dont bénéficie Roberto Saviano. Le journaliste est pourtant menacé de mort par la mafia depuis la parution, en 2006, de son enquête Gomorra sur la puissante Camorra napolitaine. Il bénéficie depuis 12 ans de la protection de l'Etat italien.

Salvini, habitué aux invectives et aux provocations, avait déjà expliqué plusieurs fois vouloir lever ce dispositif pour Saviano. Mais ce jeudi, il l'a fait en tant que ministre de l'Intérieur, assurant qu'il reviendrait "aux institutions compétentes d'évaluer s'il court un quelconque risque". "Parce qu'il me semble qu'il passe beaucoup de temps à l'étranger, donc il est juste d'évaluer la manière dont l'argent des Italiens est dépensé", a-t-il déclaré dans l'émission Agorà, avant de poursuivre : "Roberto Saviano est le dernier de mes problèmes, je lui envoie un bisous s'il nous regarde. C'est quelqu'un qui m'évoque beaucoup de tendresse et d'affection", a-t-il ironisé.

La classe politique italienne s'indigne

Cette déclaration intervient alors que le journaliste publie ce 21 juin dans Le Monde un texte au vitriol contre la politique de Salvini, dans lequel il dénonce le "racisme grossier" ainsi l'ignorance de celui qui a fait une alliance de gouvernement avec le M5s : "Matteo Salvini ignore ce que sont et comment opèrent les organisations criminelles. Matteo Salvini l’ignore et pour le dissimuler, il parle des immigrés. Pour le dissimuler, il fait de la communication sur les réseaux sociaux, des déclarations à propos desquelles, dans quelques années, les nouvelles générations nous demanderont de rendre des comptes". Plutôt dans la semaine, Saviano a également écrit une autre tribune dans les pages du Guardian, critiquant le refus du ministre de l'intérieur de laisser accoster l'Aquarius.

Les déclarations du ministre de l'Intérieur ont entraîné une vague de protestations dans la classe politique italienne, certains, comme le président de la Chambre Ettore Rosato dénonçant des "menaces inacceptables" dignes d'un "régime autoritaire" selon le patron des Verts italiens, Angelo Bonelli. L'ancien ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, a souligné que "les escortes policières ne se décident ni ne se lèvent à la télévision". La levée d'une protection policière ne relève pas du ministre de l'Intérieur, mais d'un bureau central venant du Département de la sécurité publique.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne