C’est l’occasion pour eux de replonger dans cette période qu’ils ont vite oubliée, captivés par l’envahissement du jeune bébé. Les mères vous donnent en vrac des noms de granules homéopathiques, de pédiatres, d’huiles pour le corps, de profs de yoga prénatal ou de prénoms d’enfants qu’elles n’ont pas utilisés. Vous notez. Les pères vous racontent, eux, l’accouchement de leur femme. A ce point-là de l’histoire, je n’ai pas encore vraiment compris pourquoi, pourtant cela m’est arrivé une bonne dizaine de fois. Les récits d’horreur, le médecin absent, le bébé coincé, les hurlements hystériques de leur douce moitié, à croire qu’ils en rajoutent. Leur manière sans doute d’être enceints et de vous raconter qu’ils ont vécu une aventure. On remarque qu’ils se sentent mieux après.
Une nouvelle alliée
Les hommes, justement, se scindent en deux. Grossièrement. Il y a ceux qui n’osaient pas venir vous parler – ou n’avaient simplement rien à vous dire – pour qui vous êtes une nouvelle alliée. Les jeunes papas vous saluent, sourire fatigué, vous parlent de sièges bébé à la machine à café. Il y a surtout ceux pour qui vous êtes devenue invisible. Ceux pour qui le rapport passait par un brin de séduction ne savent plus par quel bout vous aborder et préfèrent se réfugier vers d’autres filles dont le corps n’affiche pas ostensiblement des amours à un autre. Car vous vivez une période très animale. Dans la rondeur de votre ventre, il y a un signal «too late» qui renvoie les papillons vers d’autres fleurs à explorer.
Des robes à fraises, non merci
Vous ressentez une sorte d’apaisement chez les femmes aussi, qui ne vous considèrent plus comme une de leurs rivales potentielles. Avec cela, je n’ai même pas pu dire du mal des designers de vêtements de grossesse. Eux n’ont pas compris ceci: ce n’est pas parce que vous attendez un enfant que vous avez envie d’en être un, avec des pulls à marinière (qui accentuent votre ballon), des robes à fraises et à bonbons. Un nouveau monde, c’est toujours fascinant.