Comment une militante CGT a vidé les caisses du CE de Veolia

Une plainte pour abus de confiance a été déposée contre l'ex-secrétaire du comité d'établissement. Les impayés s'élèvent… à 1,5 million d'euros.

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La CGT et FO se livrent une guerre syndicale pour le contrôle du CE de Veolia, les seconds accusant les premiers de malversations financières (Photo d'illustration).

La CGT et FO se livrent une guerre syndicale pour le contrôle du CE de Veolia, les seconds accusant les premiers de malversations financières (Photo d'illustration).

© Philippe Munier / CrowdSpark

Temps de lecture : 4 min

Le mail, légèrement déprimant, est tombé à la fin de l'hiver. Le comité d'établissement (CE) de Veolia Eau Île-de-France, qui gère les activités culturelles et sociales de la boîte avec un budget de 2 millions d'euros par an, informait les « collègues » de la situation : fermeture jusqu'à nouvel ordre des selfs de Neuilly et de Choisy, « arrêt immédiat de l'ensemble des activités [...] non payées intégralement ou en partie », annulation des séjours au ski et à New York et, pour couronner le tout, hausse possible du prix des repas…

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En cause : la gestion hasardeuse de la CGT qui, en un an, a laissé un découvert de 200 000 euros et des impayés pour un total de 1,5 million d'euros. Le pot aux roses a été découvert le 28 décembre dernier, après de nombreuses alertes lancées par le trésorier qui, soupçonnant des malversations et ne voulant pas y être associé, a déserté. Un groupe d'élus de l'entreprise a alors décidé de révoquer le bureau en place et, surtout, de mettre un terme aux fonctions de la secrétaire, CGT elle aussi. Contactée par Le Point, cette dernière, Marie B., n'a pas répondu, tout comme son avocat. Elle serait actuellement en arrêt maladie.

450 000 euros de dépenses non justifiées ?

Fin janvier 2018, Lucie Blanc, ancienne militante CGT basculée chez FO, reprend donc les rênes du CE, après les avoir tenues de 2013 à 2016. Et découvre des centaines de milliers d'euros de dépenses non justifiées. Le CE est placé en redressement judiciaire. Des audits sont lancés, lesquels révèlent l'ampleur de la catastrophe : même la subvention de 525 000 euros versée par la direction en février 2018 ne saurait lui éviter la cessation de paiement, décrivent les experts.

Parmi les anomalies relevées par le cabinet d'expertises Technologia : le montant des honoraires juridiques. Alors qu'un budget de 25 424 euros avait été voté en mai 2017, ce sont 92 056 euros qui ont été versés à deux avocats. « À ce jour, un montant de 56 360 euros n'est pas justifié », assure le cabinet. Un conflit a éclaté à ce sujet devant le bâtonnier du barreau du Val-de-Marne, le bureau actuel reprochant à l'ancienne équipe d'avoir fait payer par le CE des procédures qui ne le concernaient pas.

« On a arrêté les activités quand on s'est mis en cessation de paiement pour pouvoir repartir de plus belle. Là, on a repris les prestations sociales. Mais tout ce qui est voyages, billetterie, spectacles, ça s'arrête pour l'instant », confie Lucie Blanc. Des problèmes ont également été identifiés sur le budget entraide. Il s'agit de dons qui peuvent être faits aux salariés, après étude de leur cas. Or, de nombreux chèques ont été faits sans le moindre justificatif, parfois même sans que le nom ou le montant accordé au salarié apparaisse. « Dans ce qu'on a pu identifier, il y a également 8 000 euros de carte bleue pour lesquels on n'a aucun ticket », déplore la secrétaire FO. Certains camarades, salariés du CE, auraient aussi financé leur permis de conduire grâce à l'argent du CE, sans que l'on comprenne bien pourquoi.

Une enquête pénale pour abus de confiance

Début février, une plainte pénale a été déposée par Me Emmanuel Gayat pour abus de confiance, visant directement Marie B. L'ex-secrétaire est soupçonnée d'avoir viré directement sur son compte en banque plusieurs sommes, pour un montant total de 76 769 euros, et d'avoir « dissimulé ses agissements en mentionnant des bénéficiaires fictifs sur les ordres de virement ». L'enquête, diligentée par le parquet de Nanterre, a déjà commencé. Les premières auditions ont eu lieu début juin. Selon une source proche du dossier, 30 000 euros de plus pourraient avoir transité sur différents comptes bancaires, ce qui porterait la douloureuse à plus de 100 000 euros, au préjudice du CE.

Un référé a également été déposé à Nanterre pour obtenir en urgence le remboursement de ces sommes. La justice doit rendre sa décision le 5 juillet prochain. Lors de l'audience qui s'est tenue le 19 juin, l'avocat de Marie B. a évoqué des « chiffres imaginaires » et des documents « non authentiques », se contentant d'affirmer que Lucie Blanc cherchait, par ces procédures, « à régler ses problèmes personnels avec ses anciens camarades du syndicat CGT » (sic). L'argument n'a pas convaincu les juges, qui ont demandé à l'ex-secrétaire de verser ses relevés de compte personnel aux débats.

Si elle décidait de s'exécuter, Marie B. pourra toujours utiliser le photocopieur Canon qu'elle a acheté pour 4 783 euros avec l'argent du CE, et qu'elle a fait installer dans les locaux… de l'union territoriale CGT de Choisy-le-Roi. Des faits qui font l'objet d'une petite guerre entre syndicats et qui pourraient trouver prochainement une qualification pénale…

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Commentaires (111)

  • et ta soeur !

    La paille du petit détournement chez VEOLIA cache la poutre de la condamnation (par un juge de gauche !) de la CGT, dont personne ne parle, à propos du comité d'entreprise d'EDF.

  • cactus 22

    ABS = abus de bien social, comme un associé qui prendrait un avantage perso au détriment de la société.

  • cactus 22

    Et moi aux vôtres, qu'est ce que vous voulez que je vous dise d'autre ?

    Vous ne voulez rien savoir.

    Est ce ma faute ?