Des associations religieuses tunisiennes ont rejeté le 21 juin des réformes proposées par une commission présidentielle portant notamment sur l'égalité dans l'héritage et la dépénalisation de l'homosexualité, les jugeant « dangereuses » et contraires aux préceptes de l'islam.

Le 20 juin, la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), créée en août 2017 à la suite d'une décision présidentielle, a présenté des propositions de réformes, comme l'abolition de la peine de mort ou du délai de viduité imposé aux femmes divorcées ou veuves.

« Nous refusons ces réformes contraires aux préceptes de l'islam et du Coran, et de ses textes catégoriques », a réagi dans un communiqué un collectif d'associations religieuses, des universitaires et des avocats pro-islamistes, membres de la Coordination nationale pour défendre le Coran et la Constitution.

Ce collectif a appelé le président tunisien Béji Caïd Essebsi à « retirer ce projet inconstitutionnel et dangereux ». Selon lui, ces propositions de réformes ont été prises « sous pression du Parlement européen » et « portent atteinte à la famille, menacent son entité et représentent une violation à la souveraineté de l'État. »

Dans une déclaration à la presse, Noureddine Khadmi, imam et universitaire, a affirmé que le rapport de la Colibe n'était « pas basé sur une consultation élargie ni sur une coordination avec des institutions scientifiques, comme l'université (islamique) de la Zitouna, ou des institutions de l'État, comme Dar al-Iftaa », autorité religieuse suprême en Tunisie.

Appelant le mufti de la République à réagir, il a mis en garde contre « les dangers de ce rapport et ses répercussions sur l'unité de l'État et l'harmonie de la société ».

Pour l'avocat Fethi Laayouni, « ce rapport est une attaque aux [...] principes de l'identité arabo-musulmane du peuple tunisien ».

La Colibe, elle, assure que son approche « n'est pas contraire à l'essence de l'islam. » « Personne n'a le monopole de l'interprétation du Coran, nous avons opté pour une lecture progressiste », avait dit à l'AFP Iqbal Gharbi, islamologue et membre de la commission.

Les réformes sociétales proposées par cette commission présidentielle ont été saluées par des défenseurs des droits de la personne.