Écho de presse

22 juin 1941 : Hitler envahit l'URSS

le 02/02/2021 par Marina Bellot
le 21/06/2018 par Marina Bellot - modifié le 02/02/2021
Pendant l'Opération Barbarossa, des gradés allemands inspectent des avions soviétiques, 1941 - source : WikiCommons

Prévue de longue date par Hitler, l'opération dite « Barbarossa » prend de court l'armée soviétique. Menée sous un faux prétexte, l'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie est considérée comme la plus grande invasion militaire de l'histoire.

Le 22 juin 1941, Hitler rompt le pacte germano-soviétique en attaquant l’URSS. Préparée de longue date, cette attaque porte le nom de code d’Opération Barbarossa (Barberousse, en Allemand, comme l’Empereur du même nom). 

Depuis les années 1920,  la destruction de l'Union soviétique et l'élimination définitive de la menace communiste telle qu'elle était perçue en Allemagne étaient au cœur du programme politique nazi. 

Alerté, Staline tente de faire taire les voix qui évoquent l'imminence d'une attaque, espérant ainsi ne pas précipiter une attaque qu'il savait pourtant inéluctable. 

Le communiqué de Moscou le 16 juin 1941, relayé par les journaux français sous la coupe du gouvernement de Vichy, reflète parfaitement son état d'esprit :  

« Les bruits et les informations de source étrangère selon lesquels une rupture entre I'U.R.S.S. et l'Allemagne serait imminente sont donc pour le moins extrêmement maladroits. L'Allemagne n'a présenté aucune revendication territoriale ou d'autre nature au gouvernement soviétique et n'a pas proposé à I'U.R.S.S. de conclure un nouveau pacte de neutralité. Il n'y a donc eu de pourparlers d'aucune sorte. 

Selon toutes les informations que possède le gouvernement soviétique, l'Allemagne respecte les clauses du pacte de neutralité précédemment conclu, aussi honnêtement que I'U.R.S.S. : l'intention attribuée à l'Allemagne de le rompre et d'attaquer I'U.R.S.S. ne correspond donc pas à la réalité.

Les mouvements de troupes actuellement effectués par l'Allemagne ne sont que des déplacements rendus nécessaires par la fin de la guerre dans les Balkans. »

Le 22 juin, la nouvelle de l'invasion se répand.

« Le 21 au soir, rien dans les dépêches officielles ne laissait prévoir le foudroyant déclenchement des hostilités entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. », note Le Petit Journal.  

Les journaux français sont alors sous la coupe de Vichy et relaient complaisamment la propagande nazie. Sans surprise, le quotidien prédit donc la victoire miliraire du Reich :  

« Le conflit germano-russe est bien, ainsi que le souligne le chancelier Hitler dans son message au peuple allemand, “un mouvement militaire dont l'étendue et l'envergure dépassent tout ce que le monde a vu jusqu'ici”. Cent soixante divisions soviétiques sont articulées le long de la frontière, depuis la Finlande jusqu'à la mer Noire.

Mais cette masse considérable d'hommes se heurte aux troupes au moins aussi nombreuses du Reich et supérieurement entrainées par deux ans de combat.

L'aviation soviétique, qui fut, voici cinq ans, une des meilleures, sinon la meilleure, du monde, a vieilli. Ses modèles les plus récents n'atteignent pas les performances de types mis en service depuis l'ouverture du conflit par les belligérants.

L'étendue immense des territoires soviétiques est également une autre cause de la faiblesse et, en dépit d'efforts considérables, les grands centres de réparations d'U.R.S.S. atteignent à peine la demi-douzaine. »

Si les journaux français se gardent bien de parler d'une invasion allemande et préfèrent relayer la fausse information selon laquelle l'URSS aurait « violé le pacte germano-soviétique », l'opération Barbarossa est néanmoins un mouvement pensé par le Reich depuis de longues années. Le 18 décembre 1940, Hitler a en effet signé la Directive 21, premier ordre opérationnel en vue de l'invasion de l'Union soviétique. 

Prise de court, l'armée soviétique est dans un premier temps débordée. Des millions de soldats soviétiques encerclés, privés d'approvisionnement ou de renfort, sont contraints à la reddition.

En novembre 1941, les communiqués allemands détaillent ainsi les victoires de l'armée allemande : 

« La poursuite de l'ennemi continue en Crimée. Dans le massif de Jaïla les troupes allemandes et roumaines ont détruit des détachements de soldats rouges.

Entre Yalta et Féodosia elles ont réussi à atteindra la Mer Noire sur un large front. Dans les montagnes situées à l'est de Sébastopol la résistance ennemie a été brisée en plusieurs endroits.

La Luftwaffe a soutenu efficacement les opérations et a infligé aux Soviets de lourdes pertes en navires dans les eaux de la Crimée ainsi que devant la cote nord-est de la Mer Noire. Elle a coulé trois transports de troupes, jaugeant au total 13 000 tonneaux et endommagé des navires marchands. »

À la fin de 1941, l'armée allemande aura conquis plus de 1 500 000 km2 de territoire soviétique, occupant l’Ukraine, la Biélorussie et une grande partie du nord de la Russie. 

Les pertes de l’Armée rouge cette année-là seront colossales : 1,5 million de morts et 4 millions de prisonniers – dont la moitié au moins seront tués

Comme on le sait, l'Armée rouge ne s'effondrera toutefois pas. La Wehrmacht, après les premières victoires, subira d'immenses pertes sur le front russe, jusqu'à devoir faire machine arrière.