Femmes scientifiques, des figures dans l’ombre

publié par Sarah Terrien le 17•06•2018
modifié il y a 6 mois
Les femmes scientifiques ont encore du chemin à faire pour avoir la même reconnaissance que les hommes

A l’heure où l’égalité femmes-hommes anime tous les débats, trois chercheuses scientifiques racontent leurs parcours. Pour ces pionnières, il est urgent de motiver les vocations de leurs cadettes en révélant la face cachée féminine des sciences.


Rosalind Franklin, Françoise Barré-Sinoussi, Cecilia Payne-Gaposchkin, Jocelyn Bell. Ces noms nous sont moins familiers que ceux d’Isaac Newton, de Louis Pasteur, de Charles Darwin ou encore d’Hubert Reeves. Pourtant, ces femmes ont participé à des découvertes majeures et méritent leurs lettres d’or aux côtés de celles de leurs homologues masculins. A l’heure où l’image d’Albert Einstein tirant la langue est devenue un produit marketing, où Thomas Pesquet est considéré comme une véritable rock star et Stephen Hawking érigé en héros post-mortem, force est de constater que les chercheurs ont toujours la cote.
En revanche, les représentantes de la gente féminine scientifique restent encore peu connues du grand public. Une femme tire tout de même son épingle du jeu : Marie Curie. Récompensée non pas par un, mais par deux prix Nobel – physique et chimie -, elle fait figure d’exception dans cet univers essentiellement masculin. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement 3 % de lauréates pour les Nobel de sciences.

Une représentation minoritaire

On retrouve évidemment cette sous-représentation des femmes dans les films et les séries. Il y a bien Ellie Arroway, une astronome interprétée par Jodie Foster dans Contact (1997) ; la docteure Ryan Stone qui apparaît sous les traits de Sandra Bullock dans Gravity (2013) ; ou encore Amy et Bernadette dans The Big Bang Theory. Mais la part belle est faite aux hommes. Une merveilleuse histoire du temps (2014), Un homme d’exception (2001), L’homme qui défiait l’infini (2015), Imitation Game (2014) On ne compte plus les biopics d’hommes scientifiques. Et, plus précisément, d’hommes scientifiques blancs.
En 2016, la sortie des Figures de l’ombre aura mis un peu de baume au cœur aux oubliées de la grande histoire des sciences. Ce film raconte le destin de trois scientifiques afro-américaines qui ont, dans l’ombre de leurs collègues mâles et blancs, permis la mise en orbite du premier astronaute américain. Un exploit qui valut aux Etats-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, devant l’URSS. Une histoire parmi tant d’autres où les femmes ont été effacées de la photo de famille. On en revient à la phrase célèbre : « Derrière chaque grand homme se cache une femme » (Gabriel-Marie Legouvé).Dans l’ombre, cachée ou reléguée, au second plan.

Voilà la place réservée pendant de nombreuses années aux femmes scientifiques. Il ne fut pas rare que leurs noms soient retirés des recherches auxquelles elles avaient participé ou qu’elles se soient fait voler leurs récompenses. Certes, cette époque est révolue. Mais les femmes souffrent toujours d’un manque de crédibilité et de reconnaissance dans le domaine des sciences. En témoigne le faible nombre d’experts féminins invités sur les plateaux télé ou interrogés dans les documentaires.

Des filières dont les femmes s’éclipsent au fil de leurs études

Depuis quelques années, les lignes bougent. La proportion de femmes dans le comité du Nobel a significativement augmenté et des circulaires sont régulièrement envoyées aux chercheurs pour leur demander de prêter attention à l’équilibre femmes-hommes dans les congrès. Des annuaires d’experts femmes sont édités et de nombreuses bourses dédiées aux femmes, comme celle créée par L’Oréal… Des changements qui envoient des signaux positifs aux jeunes filles qui choisissent de plus en plus la filière scientifique au bac. Elles représentaient 47 % des effectifs en 2015 contre 39 % en 1970.

En revanche, plus le niveau de qualification augmente, plus la proportion féminine chute. On compte seulement 29 % de femmes au sein de l’effectif des prépas scientifiques et des écoles d’ingénieur. A l’heure des réseaux sociaux et du culte de l’image, il y a fort à parier que l’évolution des mentalités passera par la médiatisation de modèles féminins. Mettre en avant ces femmes aidera les jeunes filles à prendre confiance en elles et contribuera à la normalisation de l’image de la femme scientifique dans l’ensemble de la société. Rencontre avec trois de celles qui pourraient devenir des modèles.
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Hélène Courtois, 48 ans, astrophysicienne spécialisée en cosmographie.
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