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Halte aux clichés! Elles exercent des "métiers d'hommes"

Halte aux clichés! Elles exercent des "métiers d'hommes"
Alstom / Adrien Tubiana SNCF

Fières de leurs parcours, motivées et épanouies, ces femmes ont trouvé leur voie dans un univers encore trop masculin. Mais les mentalités évoluent et les entreprises l'ont bien compris, leur ouvrant grand les portes.

Elles ont bien conscience de faire figure d’exception. D’être une parmi un parterre d’hommes. Et ça n’est pas pour leur déplaire. Malgré les opportunités de carrière, travailler dans un métier technique reste inenvisageable pour nombre de jeunes filles. Elise, qui a creusé la voie chez Aéroport de Paris, peine chaque année à recruter des apprenties ou des stagiaires. "Quand on évoque la vie d’un peintre, d’un plombier ou d’un technicien, on l'imagine avec une clé à molette et en bleu de travail. Or, cette vision est fausse et peu attractive pour les filles", regrette cette responsable de maintenance.

Il faut dire qu'en filières professionnelles, on les cantonne plus au secrétariat qu’à la mécanique. " En bac S, la parité est respectée. Mais après, elles sont quatre à cinq fois moins nombreuses en études scientifiques, se désole Amélie Nicaise, de l’association « Elles bougent » qui milite pour la féminisation des métiers techniques. Dans certaines écoles du BTP et du numérique, on compte une fille pour neuf garçons." En cause, une orientation sexuée qui case les étudiantes en lettres, commerce ou psychologie, des filières souvent bouchées, où les possibilités de décrocher un poste à responsabilité restent limitées. Ces stéréotypes, Anaïs les a subis. "Au lycée, j'aimais dessiner. Alors, on m’a conseillé de faire une école d’art, sous-entendant que je trouverai bien un homme pour subvenir à mes besoins !" se souvient encore cette jeune ingénieure.

Si le milieu éducatif a encore des progrès à faire pour casser les codes, les entreprises ont bien compris l'intérêt de féminiser leurs effectifs. Renault, PSA, Lafarge, Engie… La plupart ont développé des dispositifs pour susciter les vocations féminines. Dans le cadre d’accords égalité femmes-hommes ou de plans d’action spécifique, elles utilisent la force du témoignage pour convaincre des atouts d’évoluer dans un univers tout sauf hostile. Des salariées expérimentées arpentent collèges et lycées pour raconter leur quotidien, des marraines épaulent les plus jeunes, des journées de recrutement « spéciale girls » comme à la SNCF leur sont dédiées… Pas question de quotas de filles, juste une porte grande ouverte.

Elise, responsable de l’atelier de maintenance de passerelles chez ADP, 53 ans: « Une ambiance masculine, c’est génial ! »

« Je gère une équipe de 11 hommes. Une ambiance masculine, c’est génial! J’ai dû me battre pour être là. Je suis l’une des premières femmes à ce poste, je veille au bon état des passerelles télescopiques d’Orly, ce qui nécessite des compétences en mécanique, automatisme, génie électrique et hydraulique. Très bonne en maths, je ne voulais pas faire du secrétariat, j’ai donc passé un bac électrotechnique, un BTS et une maitrise de fabrication mécanique. Mais, pour mon premier poste, on m’a mise en comptabilité ! Dans les années 90, il y avait beaucoup de sexisme dans les ateliers. Aujourd’hui, les mentalités ont beaucoup évolué. »

Anaïs, architecte sécurité systèmes chez Bouygues Construction, 29 ans: « Mon métier étonne toujours »

« Mon parcours est assez atypique. Diplômée en chinois, je me suis reconvertie dans l’informatique, l’une de mes passions. Après un BTS en alternance, j'ai trouvé un job aussitôt. En dix ans, j’ai travaillé dans sept entreprises. Chez Bouygues depuis deux ans, je m’occupe de la protection des données, des systèmes antivirus notamment. Une femme dans la technique, ça étonne toujours. Il n’est pas rare qu’on me demande : « Vous êtes l’assistante ? Prenez des notes, vous transmettrez au chef. » Ce sont des idées reçues plus que de la méchanceté. »

Stéphanie, conductrice de Transilien à la SNCF, 39 ans: « Les horaires décalés me conviennent bien »

« Mon père était cheminot et quand il me faisait monter dans sa locomotive, j’étais fascinée par tous ces boutons. En 1999, j’ai passé les tests pour rentrer à la SNCF et j’ai intégré une formation d’un an où j’ai tout appris (électrotechnique, réglementation…). A l’époque, on était à peine cinq femmes dans mon secteur. Aujourd’hui, on est plus d’une trentaine en comptant les cadres. Pas besoin d’être costaud pour conduire un train ! Ce qui me plaît ? Les horaires décalés car on ne vit jamais en même temps que tout le monde, ce qui facilite les démarches du quotidien. Quand j’étais enceinte, j'ai été mutée dans les bureaux et ça a été très dur ! Mon travail continue de surprendre. Lorsque les voyageurs viennent toquer à ma cabine et voient qu'une femme conduit leur train en retard, ils s’adoucissent direct ! »

Virginie, apprentie en chaudronnerie industrielle chez Alstom, 16 ans: « Je vois le fruit de mon travail »

« L’an passé, j’étais en seconde générale mais ça n’était pas mon truc, Je voulais me sentir utile. Mon professeur principal m’a parlé du bac pro en chaudronnerie industrielle, je me suis lancée sans trop savoir et j’adore ce que je fais ! A l'atelier de production, je plie, coupe, soude la tôle de pièces qui équipent des trains régionaux. Ca me plaît beaucoup car je vois le fruit de mon travail, je contribue à la sécurité des voyageurs. Timide, je me suis très bien intégrée dans l’équipe, je suis un peu leur protégée ! Après, j'aimerais faire un BTS et me spécialiser dans la soudure. C’est un métier plein d’opportunités et qui sort de l’ordinaire, ça me rend fière. »

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