Comment jouer sur la nostalgie sans en être totalement prisonnier ? C’est le dilemme des promoteurs de la relance de l’hebdomadaire Pif. Né en 1969 dans le giron de la presse communiste, le magazine avait connu son heure de gloire sous le nom de Pif Gadget avant de sombrer au début des années 1990. Tout comme l’Union soviétique. Une première relance sous format mensuel, entre 2004 et 2008, s’était achevée par une liquidation judiciaire.
Depuis 2015, le journal L’Humanité, qui en détient la marque, a sorti neuf hors-séries, qui se sont vendus en moyenne à 25 000 exemplaires. Le numéro zéro de la nouvelle formule destinée à paraître chaque mercredi sera présenté mi-septembre à la Fête de L’Humanité. Le tout premier numéro devrait arriver dans les kiosques le 3 octobre.
Mais, insiste Frédéric Gargaud, responsable du projet, il n’est pas question de s’adresser uniquement aux anciens lecteurs, aujourd’hui quinquagénaires, pour lesquels Pif occupe une place particulière dans l’armoire de madeleines de Proust. L’objectif est de conquérir un lectorat âgé de 8 à 12 ans.
« Parti pris radical »
« Nous avons un parti pris radical », souligne M. Gargaud. Dans la forme, tout d’abord : le magazine se présente comme un accordéon qu’on déplie, avec une face magazine et une face bande dessinée. Quant au gadget, qui avait fait le succès de l’hebdomadaire, il ne reviendra pas. Adieu pois sauteurs du Mexique, machines à œufs carrés, « pifises » et colliers de Rahan… « Le gadget, c’est le magazine lui-même », réplique l’équipe.
La révolution concerne aussi le fond : le personnage de Pif, repris par le dessinateur Thomas Labourot et le scénariste Jean-Michel Darlot, a été profondément repensé. Si, à la grande époque, le chien vedette passait son temps à se castagner avec son compère, le chat Hercule, en 2018, les deux personnages assument un engagement digne du Docteur Justice et de Rahan en faveur de la justice, du respect de la différence et de la protection de l’environnement. Autre différence, il n’est plus nu, mais habillé…
Et, comme la cible est plutôt les jeunes générations, le Pif nouvelle formule veut miser sur la réalité augmentée : avec son smartphone ou sa tablette, le lecteur pourra faire naître tout un univers des pages imprimées.
« La bataille de l’attention ne se joue pas avec Okapi ou Le Journal de Mickey, mais avec YouTube », explique Frédéric Gargaud. Une campagne de financement a été lancée sur la plate-forme KissKissBankBank pour recruter des abonnés. Avec l’objectif de séduire suffisamment de monde pour proposer un numéro à moins de 2 euros.
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