Jusqu'à l'été dernier et sa libération, Mossoul la deuxième ville d'Irak était la capitale autoproclamée de l'État islamique. C'est là que les combattants de Daesh ont mené leur dernière lutte à mort contre l'armée irakienne. Un an plus tard, la ville tente de se relever. Mais les destructions sont colossales : 20.000 bâtiments sont gravement endommagés ou complètement détruits. Du jamais vu selon l'ONU, depuis la Seconde Guerre mondiale.
C'est effectivement l'image qui vient à l'esprit, quand on traverse le Tigre pour arriver sur la rive Ouest de Mossoul. On pense à Dresden réduite en cendres en 1945. Ici, Il n'y a plus rien. Plus de rue. Plus de maison. Elles ont été soufflées par le torrent de bombes lancé par la coalition dans la bataille finale.
Mossoul Ouest a quasiment été rayée de la carte. Et pourtant, la vie reprend, tout doucement. Des voitures tentent de se frayer un chemin dans les espaces déblayés. On aperçoit deux ou trois pelleteuses, quelques hommes en combinaison grise armés de pelle.
Et puis soudain, une petite épicerie apparaît, comme un mirage au milieu de cet océan de gravats. Rahed et Vikra viennent de s'y arrêter. Le couple reprend des forces. Ils sont venus voir leur maison pour la première fois depuis la guerre : "Un mortier de très gros calibre a atterri sur notre maison. Tout est en ruine et on ne pourra jamais la reconstruire, on n'a pas l'argent, comme tout le monde ici".
Le couple slalome entre les voitures calcinées, guette les mines, escalade les montagnes de débris. Leur maison est juste derrière. Complètement éventrée. La défense civile vient d'y ramasser deux corps à l'intérieur, peut être ceux des jihadistes qui vivaient ici après les avoir chassés de leur propre salon.
"Notre vie est brisée. C'est une immense tragédie. Cette maison c'est celle de ma famille depuis plusieurs générations. J'y suis né, mes enfants y ont grandi, j'espère - de tout mon cœur - qu'un jour, on pourra revenir". Alors, en attendant une aide de Bagdad qui ne vient pas, certains habitants ont décidé de se lancer eux même dans les travaux.
On est libre maintenant, libre de nouveau, et cela change tout
Mohamed, commerçant à Mossoul
Comme cet homme, qui sue à grosses gouttes sous la chaleur écrasante mais qui se dit fier de faire résonner - enfin - ici les bruits de marteau piqueur. Là où flottait encore il y a quelques mois le drapeau noir de Daesh. Là où tout a commencé. Puisque c'est à quelques mètres, dans la mosquée al-Nouri, que l'État islamique a été proclamé en 2014, par le calife Abou Bakr Al Baghdadi, toujours en fuite aujourd'hui.
Les habitants semblent toujours traumatisés par ces trois longues années sous le règne de l'État islamique. Mohamed a du mal à détacher son regard de la grande tour, criblée de balles, située juste en face de son magasin de vêtements.
"Avant, c'était un bâtiment pour les assurances. Puis Daesh s'en est emparé, et l'a utilisé pour jeter les homosexuels du toit. Les autres : les traîtres, les voleurs, ou ceux qui avaient pêché en général, on les fouettait, on leur coupait la main, on les fusillait ou on les lapidait. Comme je n'ai jamais cessé de travailler, Je voyais tout de ma boutique. Depuis, je fais souvent des cauchemars la nuit, mais vous savez, on est libre maintenant, libre de nouveau, et cela change tout".
Il suffit de quitter la vieille ville, de traverser le pont flottant dans l'autre sens, pour ressentir ce vent de liberté qui souffle à nouveau sur Mossoul. Les forces irakiennes ont repris Mossoul Est bien plus tôt, dès janvier 2017. Cette partie de la ville a donc moins été touchée par les combats.
Ce qui fait qu'ici, la vie a repris à mille à l'heure. Comme si ses habitants voulaient rattraper le temps perdu. Ces trois années suspendues dans le néant. Ça klaxonne, il y a des restaurants partout, des jeunes femmes perchées sur des talons, en tee-shirt et voile coloré. On rit fort, on écoute de la musique en poussant les basses.
Comme dans ce café à chicha où se côtoient garçons et filles... Tout ce qui était interdit sous Daesh. De la fenêtre on aperçoit des étudiants qui sortent de l'université, des montagnes de livres sous les bras. Et à l'horizon la grande roue du parc d'attractions qui vient de rouvrir : Mossoul veut en finir avec son image de ville martyre.
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