Tribunal Besançon : il abusait et exhibait sa fillette de 9 ans

C’est une affaire difficilement soutenable qu’a eu à juger le tribunal, ce mercredi : un père accusé d’agression sexuelle sur sa propre fille de 9 ans, qu’il exhibait également sur internet, en vidéo, pour le plaisir d’autres pervers.
Willy GRAFF - 23 juin 2018 à 05:05 | mis à jour le 23 juin 2018 à 12:10 - Temps de lecture :
Quatre ans de prison ferme pour le père, qui devra en outre verser 30000 € à sa fille et 4000 € à son ex-compagne.  Photo d’illustration
Quatre ans de prison ferme pour le père, qui devra en outre verser 30000 € à sa fille et 4000 € à son ex-compagne. Photo d’illustration

Il a passé l’essentiel de l’audience le visage impassible, fermé à la moindre émotion, ses mains crispées posées sur ses bras croisés. Silhouette fluette, cheveux ras, Richard*, 37 ans, électricien, ressemble à Monsieur tout-le-monde. Les expertises psychiatriques, elles, ont dépeint un être « sans empathie », « égocentrique », « dangereux », et son attitude figée – au regard de la nature des faits qui lui étaient reprochés – avait quelque chose de glaçant.

Durant un an et demi, Richard a nié en bloc les accusations formulées le 5 janvier 2016 par Gaëlle, sa fille de 9 ans, qui a eu le courage de décrire les attouchements incestueux dont elle avait été victime. D’abord à sa mère, séparée de Richard depuis 2010, et qui a aussitôt porté plainte. Puis au juge d’instruction, qui a piloté les investigations.

Une vidéo difficilement soutenable

Un an et demi de doutes, de tergiversations, parole contre parole. Un an et demi d’enfer pour Gaëlle, qui outre le traumatisme de ces agressions sexuelles, a dû gérer la souffrance de ne pas être crue. Une situation qui l’a d’ailleurs menée jusqu’à l’hospitalisation dans un service de pédopsychiatrie.

L’enquête a basculé courant 2017, lorsque l’expert informatique, à qui avait été confié l’ordinateur de Richard, a rendu ses conclusions. La preuve par l’image est alors tombée, confondante, terrible. Outre 222 789 fichiers pédopornographiques, des extraits de discussions et de vidéos ont été récupérés.

Une scène, la pire, retient l’attention. On y voit Richard assis, nu, devant son écran, qui pose sa fille sur ses genoux. Lui place une tablette entre les mains, où est diffusée une vidéo pornographique. Lui enlève sa petite culotte. Frotte son sexe contre le sien. Puis exhibe son vagin à la caméra, en direct, afin qu’un autre internaute connecté à Skype puisse également se masturber.

« Elle a été jetée en pature dans le monde de la pédopornographie »

« Cette fillette a été jeté en pâture dans le monde de la pédopornographie ! La vidéo est insoutenable, impensable », s’indigne Me Stuckle, l’avocat de Gaëlle et de sa maman. « Comment concevoir l’inconcevable », rebondit la procureure de la République Edwige Roux-Morizot, « il y a ces agressions sexuelles, mais il y a aussi tout le reste, ces violences psychologiques pour la rabaisser sans cesse, pour la rendre vulnérable, pour qu’elle accepte tout ça. Il y a l’absence total d’amour d’un père. »

La défense plaide coupable. Forcément coupable. « C’est dramatique, on est d’accord », convient Me Schwerdorffer, « mais pourquoi est-on sexuellement attiré par les enfants, les animaux, les cadavres ? Ce n’est pas quelque chose qui se décide, mais quelque chose qui s’impose. Ce Monsieur est atteint de paraphilie et on a une difficulté archaïque en France pour traiter cela. »

Les juges ont tranché : Richard écope de quatre ans de prison ferme (six ans avaient été requis), auxquels s’ajoute un retrait de l’autorité parentale, un suivi socio-judiciaire strict et l’inscription au fichier automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. Il devra en outre verser 30 000 € à sa fille et 4 000 € à son ex-compagne.

* Prénoms modifiés