Dans la soirée, Matteo Salvini est de nouveau intervenu pour remercier «chaleureusement» les autorités libyennes et leurs garde-côtes d’avoir recueilli en mer et ramené en Libye plus de 820 migrants dans la journée de dimanche. «Aujourd’hui, ils ont sauvé et ramené en Libye 820 migrants, rendant inutile le «travail» des trafiquants et évitant des interventions erronées de navires d’ONG», a écrit sur Twitter le ministre de l’Intérieur, qui est également vice-premier ministre et chef de la Ligue, une formation d’extrême droite.
Ringrazio di cuore, da ministro e da papà, le Autorità e la Guardia Costiera Libica che oggi hanno salvato e riportato in Libia 820 immigrati, rendendo vano il "lavoro" degli scafisti ed evitando interventi scorretti delle navi delle Ong.https://t.co/3BRHYSKoKF
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 24 juin 2018
Renvoyées en Libye
Plus tôt, l’ONG espagnole Proactiva Open Arms a affirmé que l’Italie avait refusé l’aide de son navire pour secourir un millier de migrants au large de la Libye. Selon elle, Rome affirmait que les garde-côtes libyens s’en chargeraient.
Lire aussi: Après l’Aquarius, l’Italie refuse un autre bateau de réfugiés
Les autorités italiennes «nous ont dit qu’à ce moment-là, elles n’avaient pas besoin de nous. […] Elles ont affirmé que l’opération de secours était coordonnée par les garde-côtes libyens», a déclaré à l’AFP une porte-parole de l’organisation, Laura Lanuza. La porte-parole, qui se trouve à terre mais en relation avec le navire Open Arms, a affirmé que l’ONG avait reçu au cours des dernières heures «sept ou huit» appels à l’aide provenant de bateaux transportant des migrants et se trouvant au large de la Libye. «Si l’on ajoute tous les appels au secours reçus, le total est d’environ 1000 personnes» qui auraient besoin d’aide, a-t-elle ajouté.
Quand le navire Open Arms, qui se trouvait à 60 milles nautiques (110 kilomètres) de là, a contacté le centre opérationnel des garde-côtes à Rome, qui coordonne les secours, ce dernier a selon elle rejeté l’offre de service. Or «si la coordination des secours revient aux garde-côtes libyens, toutes ces personnes seront renvoyées immédiatement en Libye», a dénoncé Laura Lanuza.
«Sauver des vies»
On ignorait en fin de soirée si les migrants ramenés en Libye par les garde-côtes libyens selon Matteo Salvini étaient ceux qu’avait mentionnés l’ONG espagnole. Laura Lanuza a dénoncé les actions menées par l’Italie pour mettre à l’écart les ONG, rappelant que la justice italienne avait placé sous séquestre en mars le navire d’Open Arms, l’accusant de favoriser l’immigration illégale, avant d’annuler la saisie mi-avril.
La maire de Barcelone, Ada Colau, a exprimé dans la journée son indignation sur Twitter, soulignant que sa ville était proposée «comme havre sûr». «Plus de 1000 personnes sont actuellement à la dérive à bord de sept bateaux et l’Italie a l’intention de les laisser entre les mains de la Libye, où les gens sont torturés, violés et réduits en esclavage», s’est-elle insurgée. Elle a appelé le gouvernement espagnol à intervenir pour «sauver des vies» et souligné que les migrants étaient les bienvenus à Barcelone.
Ahora mismo más d 1000 personas a la deriva en 7 barcas e Italia pretende dejarlas en manos d Libia, donde se tortura, viola y esclaviza a las personas.
— Ada Colau 💜🌈🔻 (@AdaColau) 24 juin 2018
Gobierno d @sanchezcastejon @carmencalvo_ ayuden a @openarms_fund a salvar vidas! Barcelona se ofrece como puerto seguro https://t.co/RCbunmIsjm
Mini-sommet à Bruxelles
Ces derniers jours, le gouvernement italien a menacé de mettre sous séquestre deux navires d’ONG allemandes, le Lifeline, avec 230 migrants à bord, et le Seefuchs, si ces derniers venaient accoster dans un port italien.
Dimanche dernier, l’Aquarius, navire de l’ONG française SOS Méditerranée, qui avait recueilli 630 migrants au large de la Libye, avait accosté dans le port espagnol de Valence après les refus de l’Italie et de Malte de l’accueillir.
La question de l’accueil des migrants a été, dimanche à Bruxelles, le sujet d’un mini-sommet destiné à tenter d’apaiser les tensions au sein de l’Union européenne face au défi migratoire.
Lire aussi: L’Union européenne en ordre dispersé sur le front migratoire