JUSTICE – En 2014, un jeune couple avait été victime d’une agression dans un appartement de Créteil. Ils auraient été ciblés car de confession juive. C’est en tout cas ce que vont notamment devoir déterminer les assises du Val-de-Marne, alors que le procès s’ouvre ce mardi 26 juin.

Ils n’avaient que 19 et 21 ans à l’époque. Trois ans et demi plus tard, Laurine et Jonathan portent encore en eux les stigmates de l’agression dont ils furent victimes un soir de décembre 2014 dans l’appartement des parents du jeune homme à Créteil. Leur tort : être de confession juive.

Car c’est sur ce point que va tourner tout le procès qui s’ouvre mardi devant les assises du Val-de-Marne. Dans le box des accusés, quatre hommes vont prendre place. Deux d’entre eux sont accusés d’agression à caractère religieux, de cambriolage et de viol sur la jeune femme. Deux autres doivent répondre de complicité.

"Les juifs, ça ne met pas d'argent à la banque !"

Croyant reconnaître un cousin de son compagnon ce jour-là, la jeune fille avait ouvert la porte, trois hommes cagoulés, gantés et armés en profitant pour se faufiler dans l’appartement. Maîtrisés, menacés et séquestrés, Laurine et Jonathan se retrouvent face à des cambrioleurs en quête d’argent. Pourquoi ont-ils été visés ? Car les agresseurs pensent alors s’attaquer à l'appartement de personnes de confession juive ayant de l’argent chez eux. Le couple finit par comprendre que leurs agresseurs savent que le frère de Jonathan travaille à proximité, que leur père a une Mercedes et se rend à la synagogue le samedi "un truc sur la tête", mais avec des idées erronées. "Me prends pas pour un con. Les Juifs, ça ne met pas d'argent à la banque", aurait ainsi lancé l’un des hommes à Jonathan qui assurait "qu'il n'y a pas d'argent liquide caché dans l'appartement."

Jonathan et Laurine sont ligotés avec de l’adhésif également collé sur leur bouche. Leur carte bancaire est dérobée. Les agresseurs repartiront avec 400 euros retirés au distributeur, des biens volés dans l’appartement après une heure de fouille infructueuse. La jeune fille sera agressée par un des hommes dans une chambre. Celui-ci lui impose des caresses sur la poitrine et une pénétration digitale.

Dès mardi, deux hommes, âgés de 19 et 22 ans à l’époque et originaire du Val-de-Marne, rapidement interpellés à l’époque, vont devoir répondre des faits. Un troisième individu est toujours en fuite. Les deux premiers nient les accusations d’actes et propos antisémites qu’ils attribuent au complice qui sera manquant lors du procès. Une qualification qui avait initialement été écartée par le parquet avant d’être finalement rétablie. Des "revirements successifs" qui "démontrent la fragilité" d'un dossier "construit médiatiquement" et "instrumentalisé politiquement", avait dénoncé Me Marie Dosé, qui défend l'un des accusés. "Ce crime n'est pas compréhensible sans la dimension antisémite", juge Me Patrick Klugman, l'un des avocats des victimes.

L’un des deux accusés présents devra aussi répondre de viol, mais il nie les faits. Le verdict est attendu le 6 juillet. 

La lutte contre l'antisémitisme voulue comme une grande cause nationale... en 2014

L’affaire, symbolisant pour certains "l’antisémitisme d’aujourd’hui", avait été particulièrement médiatisée dans un contexte de forte hausse des actes antisémites. François Hollande, alors président de la République, avait évoqué le "pire" et le "mal" qui traversaient la société française. "Derrière ce crime, il y a un mal qui ronge la République et que nous devons combattre à tout prix", avait déclaré Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur de l’époque, évoquant alors l’antisémitisme comme "une cause nationale".

Pour Jonathan, des années plus tard, la douleur est encore vive. "Ça a des répercussions encore aujourd’hui sur votre vie et après", explique-t-il au micro de LCI. Le jeune homme a perdu son travail, sa petite amie après les faits. Une vie personnelle balayée. "Vous devenez hyper sensible au moindre bruit. Vous faites des cauchemars."

De ce procès, Jonathan attend un message fort : "J’espère que la justice fera son travail complètement et sera très sévère avec eux pour envoyer un signal fort. En France en 2018, on ne peut pas agresser les gens parce qu’ils sont juifs, parce qu’on n’est pas d’accord avec leur religion ou leur opinion quelle qu’elle soit."  


La rédaction de TF1info

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