64% d’électricité renouvelable dans le monde en 2050, selon Bloomberg

La question n’est plus de savoir "si" les renouvelables vont bouleverser la donne énergétique mondiale, mais "quand" et "comment". Et c’est à cette question  que l’étude économique "New Energy Outlook 2018" (NEO2018) de Bloomberg, présentée le 26 juin à Paris, se propose de répondre.

Et pas question ici de scénario 2^°C en fonction des ambitions politiques des Etats. Les analystes de Bloomberg écrivent leurs scénarios de mix électrique (l’étude ne s’occupe ni de carburant ni de chaleur) en cherchant les meilleures équations économiques. Et pour la première fois cette année, ils se sont projetés jusqu’en 2050.

86% des investissements dans le zéro-émission

A cette date, 64% de l’électricité sera d’origine renouvelable, alors qu’elle était encore pour deux tiers fossile en 2017. 48% de l’électricité sera produite à moitié en éolien et à moitié en photovoltaïque, le reste venant de l'hydraulique ou d’autres types d’énergies renouvelables. Sur les 11 500 milliards de dollars qui seront investis en 33 ans dans 13 157 GW de nouvelles capacités de production, 86% iront à des technologies zéro émission, dont 73% dans l’éolien et le solaire (8 400 milliards de dollars).

Et avec un prix du MWh photovoltaïque de l’ordre de 25 dollars, les coûts de énergie éolienne qui devraient chuter encore de 40% d’ici 2040 et de 58% d’ici 2050, et ceux du stockage sur batteries de 67%, toutes les autres technologies deviendront progressivement moins compétitives.

Charbon et nucléaire éclipsés

Le charbon, grand perdant de cette déferlante des renouvelables, devrait descendre autour de 10% du mix électrique mondial, avec des installations de nouvelles capacités passant de 39% en 2017 à 5% en 2050. Le nucléaire, lui, ne devrait pas dépasser les 7 à 8%. Si en 2017 il représente encore 5% des nouvelles capacités installées, il chute à 2% en 2050.

Aux Etats-Unis, Bloomberg ne croit pas à une renaissance du nucléaire, qui devrait, comme le charbon, disparaître au profit du gaz et des renouvelables. Même type de scénario en Corée du Sud, qui devrait passer de 72% de charbon et nucléaire à 71% de gaz et renouvelables. En Chine, le pic des émissions des au charbon devrait être atteint en 2030, date à laquelle les renouvelables, complétés de 23 GW de batteries, atteindront 39% pour grimper jusqu’à 46 % en 2050. Le Japon, champion de la production distribuée devrait quant à lui compter 34% de capacités installées "derrière le compteur" en 2050. L’Inde, sera le seul pays à voir la part du charbon continuer à croître à moyen terme, mais pour finalement laisser les renouvelables dominer.

87% de renouvelables en Europe

Dans le même temps, l’Europe profitera à plein de la baisse des coûts de l’éolien, du photovoltaïque et des batteries. En 2050, 87% de son électricité sera d’origine renouvelable. Le mouvement sera le plus rapide en Allemagne, ou dès 2025, le charbon et le gaz chuteront à 29% du mix électrique. En 2050, 74% d’électricité y sera produite par le solaire et le vent, et 15% avec des capacités d’autoproduction. Le tout avec un boom des véhicules électriques qui représenteront 24% de la demande.

Atypique, la France garderait environ 15% de nucléaire dans son mix électrique en 2050. Les analystes de Bloomberg confirment ainsi les propos du ministre français de l’Economie Bruno Lemaire, qui déclarait que le nucléaire restera "essentiel à long terme" en France, lors de l’inauguration du World Nuclear Exhibition, qui se tient à Paris du 26 au 28 juin. Résultat, le boom des renouvelables en France devra attendre 2030, prévoit le NEO2018. A moins que le décret de révision de la prochaine PPE en décide autrement.