Allez, “laissons au crédit du gouvernement de ne pas avoir interdit l’édition asiatique de Time Magazine”, lance avec ironie une éditorialiste du Bangkok Post.

Au départ, la junte militaire, au pouvoir depuis mai 2014, se réjouissait de voir le Premier ministre, Prayuth Chan-ocha, faire la une du magazine américain, signe de “reconnaissance sur la scène internationale”. Las. Pour l’équipe de communication du Premier ministre, qui nourrissait l’espoir que le magazine “montrerait un homme qui a tout sacrifié pour son pays, un nouveau héros de l’Asie”, le “résultat ne pouvait être plus désastreux”, remarque le Bangkok Post.

En une, le magazine laisse planer le doute : Prayuth est-il un “démocrate” ou d’un “dictateur” ? Et répond, dans les pages intérieures, en décrivant comment celui qui avait “promis de ramener la démocratie en Thaïlande ne fait que resserrer son emprise” sur le pouvoir.

Rien à voir donc, selon l’éditorialiste du Bangkok Post, avec la reconnaissance qu’espérait le gouvernement.”

Pas censuré mais introuvable

“Time souligne certes que le général a amené la paix dans le pays et a rétabli un certain niveau de croissance économique. Mais il rappelle aussi que l’administration de la junte arrête de manière régulière des manifestants pacifiques et qu’au moins 1 800 civils attendent d’être traduits devant des tribunaux militaires”, poursuit le Bangkok Post.

Le magazine ne mâche pas non plus ses mots quand il remarque que le Premier ministre a lancé une peau de banane à un reporter et a menacé d’‘exécuter’ ceux qui racontent des choses qui ne lui conviennent pas.”

La junte militaire a pris le pouvoir en mai 2014, renversant le gouvernement élu de Yingluck Shinawatra. Des élections ont été repoussées à plusieurs reprises. Prayuth Chan-ocha vient d’annoncer qu’elles auraient désormais lieu entre février et mai 2019.

Si Time n’a pas été officiellement interdit, il est à ce jour introuvable en Thaïlande, comme l’a constaté le site Khaosod. Les vendeurs de journaux ne l’ont pas mis dans les rayons, jugeant que le contenu était “inapproprié”.