Les dix personnes arrêtées ce week-end lors d’un coup de filet contre un groupe d’ultradroite, dont les autorités redoutaient « un passage à l’acte violent » contre des musulmans, ont été mises en examen mercredi 27 juin dans la soirée, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire.

Présentés à un juge d’instruction parisien après quatre jours de garde à vue, les suspects – neuf hommes et une femme âgés de 32 à 69 ans – ont été mis en examen notamment pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire.

Parmi leurs cibles, ils évoquaient des islamistes sortant de prison ou des mosquées radicales et certains d’entre eux avaient déjà testé des explosifs. Ces neuf hommes et cette femme avaient été interpellés en France dans la nuit de samedi à dimanche, soupçonnés d’appartenir à un groupuscule dont les autorités craignaient « un passage à l’acte violent, aux contours demeurant toutefois imprécis à ce stade », selon le parquet de Paris.

À leurs domiciles, les policiers ont retrouvé 36 armes à feu, dont 31 sans autorisation, et aussi, chez l’un d’eux, des éléments « entrant dans la fabrication d’explosif de type TATP » ainsi qu'« un feuillet guide de fabrication intitulé “le napalm maison” ».

Un programme de formation au combat

Nommé « Action des forces opérationnelles » (AFO), ce réseau d’extrême droite proclamait fièrement son ambition de lutter contre le « péril islamiste », notamment sur le site « Guerre de France ». Depuis deux mois, le groupe était cependant entré dans le viseur de la justice car il « essayait de recruter de nouveaux membres et d’étendre son maillage territorial », a expliqué le parquet de Paris dans un communiqué.

Le procureur avait donc décidé, le 13 avril, d’ouvrir une enquête pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont rapidement identifié un programme de formation au combat et des stages de survivalisme ainsi que des réunions pour « définir des objectifs et des actions à mettre en œuvre pour les atteindre », selon le ministère public.

Ils avaient surtout établi que des membres « cherchaient à se procurer des armes » et certains « avaient testé des explosifs et des grenades de confection artisanale ». Une « réunion conspirative » s’était tenue en avril en Bourgogne, avec entraînement au maniement des armes, et des « débuts de repérages » ont été détectés, a ajouté une source proche du dossier.

Un ancien assesseur du Front National

Considéré comme le chef de file présumé de ce réseau, un retraité de la police nationale, Guy S., né en 1953 et vivant à Tonnay-Charente, « avait la volonté de durcir l’action d’AFO », a indiqué une source proche de l’enquête.

Marine Le Pen a assuré mercredi que ce dernier, qui fut assesseur pour le Front National (FN, devenu RN) dans sa commune selon la mairie, n’était « ni adhérent, ni sympathisant » du RN et qu'« être assesseur n’est pas être le représentant d’un parti ».

Un ancien militaire et un ex-professeur, un artisan et un employé de restaurant font également partie des suspects, a précisé la source proche de l’enquête. Seuls deux ont des antécédents judiciaires, condamnés pour des délits de droit commun.