Endométriose : la fatigue chronique, un symptôme largement sous-estimé

Publié le par Hélène Bour

Outre les douleurs et l’infertilité, la fatigue chronique serait un symptôme fréquent de l’endométriose, mais encore sous-estimé, rapporte une nouvelle étude menée auprès de 1 120 femmes.

C’est un symptôme difficile à expliquer, car invisible, mais qui a pourtant un retentissement important sur le quotidien des femmes atteintes d’endométriose. Si les symptômes les plus connus de l’endométriose sont les douleurs pelviennes chroniques, notamment pendant les règles, les rapports sexuels ou en allant au toilettes, selon les atteintes, la fatigue chronique est également un symptôme non négligeable et fréquente, rapporte une étude scientifique publiée ce 27 juin dans la revue Human Reproduction.

L’endométriose est une maladie gynécologique chronique due à la présence d’endomètre, tissu qui tapisse la paroi utérine, à l’extérieur de l’utérus : sur les trompes, les ovaires, la vessie, les intestins, les ligaments utéro-sacrés, reliant l’utérus au sacrum ou encore le diaphragme. Chaque mois, ces lésions d’endométriose réagissent aux fluctuations hormonales comme l’endomètre. Elles se développent puis saignent lors des règles, entraînant une inflammation et parfois même des adhérences entre les organes.

Et c’est cette inflammation locale qui, en sollicitant en permanence le système immunitaire, entraînerait une fatigue importante et constante, suggèrent les auteurs de cette étude, menée auprès de 1 120 femmes.

Un symptôme qui devrait être mieux pris en charge par le corps médical

Parmi ces participantes, 560 souffraient d’endométriose, tandis que les 560 autres n’étaient pas atteintes. Entre 2010 et 2016, ces patientes ont rempli un questionnaire sur divers facteurs liés à la qualité de vie, ainsi que sur leurs antécédents médicaux et familiaux, leur style de vie et leurs éventuels troubles mentaux. La fatigue et l'insomnie ont été classées en cinq niveaux différents allant de 1 (jamais) à 5 (très souvent).
Verdict : 50,7% des femmes diagnostiquées avec l'endométriose souffraient de fatigue fréquente contre 22,4% des femmes non atteintes. La fatigue liée à l'endométriose a également été associée à la multiplication par sept de l'insomnie, à la multiplication par quatre de la dépression, à deux fois plus de douleurs et 1,5 fois plus de stress dû à la vie professionnelle. L'âge, le temps écoulé depuis le premier diagnostic et le stade de la maladie n'étaient pas liés à la fatigue.

Ces résultats suggèrent que l'endométriose a un effet sur la fatigue qui est indépendant d'autres facteurs et qui ne peut être attribué aux symptômes de la maladie” a résumé le professeur Brigitte Leeners, coauteure de l’étude. “Bien que la fatigue chronique soit connue pour être l'un des symptômes les plus handicapants de l'endométriose, elle est peu évoquée et peu de grandes études portent dessus. Nous estimons que pour améliorer la qualité de vie des femmes atteintes de cette maladie, la fatigue devrait faire partie intégrante des soins médicaux. Les médecins devraient examiner ce problème lorsqu'ils discutent avec leurs patientes des meilleurs moyens de prendre en charge et de traiter la maladie, et aider ces femmes à prendre des mesures pour réduire le risque d'insomnie, de douleurs, de dépression et de stress professionnel”, conclut-elle.

Source : Eurekalert