Le retrait américain de l'accord nucléaire avec Téhéran fait couler beaucoup d'encre et les avis sur ses conséquences géostratégiques et économiques sont loin de faire l'unanimité. Il s'agit d'un débat légitime par sa répercussion sur la sécurité et l'équilibre international. Toutefois, il faut noter que le grand absent dans ces discussions c'est bien le peuple iranien, une nation composée de 80 millions d'habitants, dotée d'une grande culture qui ne peut s'identifier à une théocratie despotique.
L'équation se situe-t-elle vraiment entre les États-Unis, qui n'auront pas respecté des engagements internationaux, et un régime des mollahs "victime" qui serait en droit de défendre les intérêts des Iraniens? C'est en tout cas ce qui apparait dans les médias en France. Nous sommes étrangement peu informés sur ce qu'en pense la population iranienne elle-même. Les journalistes étrangers ont l'interdiction de se rendre sur les lieux des manifestations. La voix des gens de la rue n'a jamais compté dans l'une des pires dictatures au monde qui préfère prison, torture et exécution au dialogue avec son peuple. Pourtant, le peuple iranien a trouvé le moyen d'exprimer chaque jour sa colère contre la misère économique, la corruption d'Etat et l'injustice, au prix de grands risques. Il suffit d'écouter les cris scandés dans les mouvements de protestation qui ne s'arrêtent plus en Iran et de regarder les images qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux. Grèves nationales des routiers, révoltes de la ville de Kazeroun près de Chiraz, manifestations des agriculteurs d'Ispahan, manifestations ouvrières, affrontements entre les forces de sécurités et les minorités arabes, baloutches ou kurdes, c'est maintenant le quotidien. L'opposition du Conseil National de la Résistance Iranienne a dénombré, la dernière semaine de mai, 489 actes de protestations. De manière générale, les Iraniens exigent de leurs dirigeants des comptes quant aux centaines de milliards de dollars des revenus gaspillés, depuis 40 ans de République islamique. A travers les slogans lancés dans ces manifestations, il apparait avec certitude que les Iraniens considèrent le jeu entre "durs" et "modérés" comme un leurre pour faire perdurer ce régime.
Un régime qui, toutes factions confondues, a dilapidé les richesses du pays dans des programmes nucléaires et balistiques au service de ses aventures régionales, dans le soutien à la dictature d'Assad en Syrie et dans la formation des milices qui terrorisent le Moyen Orient, n'a évidemment pas de compte à rendre à son peuple. "Lâchez la Syrie! Pensez à notre pain!" scandaient les foules insurgées en début de cette année dans plus de 140 villes iraniennes. Malgré cela, Rohani a préféré augmenter de 40% le budget des Gardiens de la révolution.
La politique européenne doit être une politique de fermeté à l'égard de la dictature iranienne. Le président Emmanuel Macron a bien fait de rappeler que la stratégie diplomatique de la France n'est pas vouée à "devenir un allié de l'Iran contre les Etats-Unis d'Amérique". Le peuple iranien attend des démocraties d'être à ses côtés face à l'encombrant régime des mollahs.
Nous, députés, membres du comité parlementaire pour un Iran démocratique, considérons que la problématique iranienne ne peut se réduire à la question nucléaire. Il nous semble nécessaire de rappeler que le peuple iranien est en lutte et que le projecteur médiatique, braqué sur le retrait américain des accords, ne doit pas plonger dans l'ombre celles et ceux qui souffrent et résistent. Nous sommes convaincus que l'unique solution à ces problématiques majeures, réside dans un changement du régime actuel en une véritable démocratie. Nous appelons de nos vœux, comme les démocrates iraniens, la création d'un État de droit et la fin d'une dictature bafouant les droits fondamentaux d'un peuple en souffrance. Pour toutes ces raisons, nous enverrons une délégation le 30 juin prochain au grand rassemblement de la diaspora iranienne à Villepinte, afin d'attirer l'attention sur la voix du peuple iranien en faveur d'un Iran libre et du respect des droits de l'Homme dans ce grand pays.
Signataires: Michèle de Vaucouleurs, Députée des Yvelines, Mouvement Démocrate et apparentés, Philippe Gosselin, Député de la Manche, Les Républicains, Yannick Favennec, Député de la Mayenne, républicains, UDI, indépendants, Hervé Saulignac, Député de l'Ardèche, Nouvelle Gauche, André Chassaigne, Député du Puy-de-Dôme, Gauche démocrate et républicaine-Président, Bérangère Poletti, Députée des Ardennes, Les Républicains, Sophie Auconie, Députée d'Indre-et-Loire, républicains, UDI, indépendants, Patricia Gallerneau, Députée de la Vendée, Mouvement Démocrate et apparentés, Olivier Marleix, Député d'Eure-et-Loire, Les Républicains, Bertrand Pancher, Député de la Meuse, républicains, UDI, indépendants, Jean-Paul Dufregne, Député de l'Allier, Gauche démocrate et républicaine, Frédéric Reiss, Député du Bas-Rhin, Les Républicains, Hubert Wulfranc, Député de la Seine-Maritime, Gauche démocrate et républicaine