Val-de-Marne : 270 millions pour rénover la prison de Fresnes
La Chancellerie vient de le confirmer au Département du Val-de-Marne. Le président de la République avait visité la maison d’arrêt en mars dernier.
Le chantier s'annonce pharaonique. À la hauteur de l'état de la prison de Fresnes. La maison d'arrêt, l'une des « plus dégradées de France », selon la contrôleure des prisons va être rénovée. La Chancellerie vient de le confirmer dans un courrier au président PCF du conseil départemental. Un projet à 270 millions d'euros.
« Le principe de la rénovation est retenu », nous confirme le ministère de la Justice. Mais l'opération s'annonce « complexe », car elle devra se faire en site occupé. Le centre pénitentiaire divisé en trois bâtiments est l'un des plus surpeuplés de France, avec un taux de suroccupation de 203 %. « L'ouverture de la Santé ouvrira néanmoins la possibilité de desserrer l'étau », souligne le ministère.
Dans un premier temps, en 2019, il s'agira de « conduire les études et de bâtir le programme fonctionnel ». Mais selon le ministère, « l'urgence tient par ailleurs à la rénovation des réseaux, d'eau notamment, très dégradés ». En revanche, pas de calendrier n'a été annoncé.
En mars, le président de la République Emmanuel Macron avait visité avec la ministre Nicole Belloubet, — mais sans la presse —, la prison aux « conditions épouvantables », selon Adeline Hazan, la contrôleure des prisons. Rats, punaises de lit pullulent régulièrement. Cette visite ne serait pas étrangère, selon certains, à l'accélération du processus…
Depuis des décennies, la rénovation de cette vitrine de l'administration pénitentiaire, chargée d'histoire, construite en 1898, est réclamée de toutes parts. Y compris par les élus du Val-de-Marne, qui veulent croire que leur mobilisation « a payé », comme on l'indiquait ce lundi au conseil départemental. Les sénateurs PCF Laurence Cohen et Pascal Savoldelli se sont invités en janvier à Fresnes et avaient saisi la garde des Sceaux. Le président PCF du Département avait lui aussi interpellé la ministre sur « l'urgence » à rénover la maison d'arrêt. Et de la mettre en balance lorsque les projets de nouvel établissement pénitentiaire dans le 94 ont fleuri, -prison à Noiseau, quartier de préparation à la sortie à Limeil ou Choisy-. D'ailleurs, Christian Favier le redit : « Cette rénovation était attendue depuis des années, les parlementaires et le Département y étaient particulièrement attentifs. En accueillant la 2 e prison de France, le Val-de-Marne contribue déjà très fortement à la politique carcérale du pays ».
« On fait du bricolage, à la limite du dangereux »
Les surveillants aussi se « satisfont » de cette réfection. Même s'ils s'interrogent sur leur devenir durant les travaux. En janvier, ils s'étaient largement mobilisés pour obtenir l'amélioration de leurs conditions de travail, dans le cadre d'un mouvement national.
« Il était temps, réagit ce mardi soir Ahmed El Hoummas, secrétaire national de la CGT-pénitentiaire. Depuis des années on fait du bricolage, à la limite du dangereux. » Les réseaux ne sont pas faits pour supporter 2 800 détenus. La prison de Fresnes dispose de 1 500 places. Les armoires électriques sautent. Les canalisations aussi. Les douches sont ou glacées ou brûlantes. Même les cours de promenade ont été reconnues indignes. En avril, la justice a donné raison à un détenu.
