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Pédophilie dans l'église : "briser la culture du secret c'est très lourd dans un département comme le Loiret"

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Après le renvoi devant la justice de l'ancien curé de Lorris, l'abbé Pierre de Castelet, et de l'ancien évêque d'Orléans, Monseigneur André Fort, pour agressions sexuelles et non-dénonciation de celles-ci, les victimes espèrent que cela contribuera à rompre la culture du silence au sein de l'Eglise.

Une autre instruction pour agression sexuelle vise actuellement l'ancien recteur de la Basilique de Cléry Saint André
Une autre instruction pour agression sexuelle vise actuellement l'ancien recteur de la Basilique de Cléry Saint André © Radio France - Anne Oger

Il y aura sans doute un procès dans l'affaire Pierre de Castelet, l'ancien curé de Lorris, très investi et très présent, jusqu'à une période récente (2016, date à laquelle l'évêque d'Orléans Jacques Blaquart l'a démis de toutes ses fonctions) dans les mouvements catholiques de jeunes, et notamment les scouts d'Europe, dont il a été l'aumônier à plusieurs reprises. Un procès pour agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité pour des faits remontant à juillet 1993, lors d'un camp de vacances organisé dans le Béarn par le Mouvement Eucharistique des Jeunes.

André Fort informé dès 2010 

Mais aux côtés de l'abbé de Castelet devrait comparaître aussi Monseigneur André Fort, l'ancien évêque d'Orléans, de 2002 à 2010. A 83 ans il devrait comparaître dans les prochains mois, pour "non dénonciation d'agressions sexuelles". Le juge d'instruction, qui l'avait mis en examen l'an dernier, estime qu'il a violé la loi en ne saisissant pas le procureur de la République lorsqu'il a eu connaissance des accusations portées contre le prêtre de son diocèse, en 2010. 

Il a simplement eu une mauvaise analyse de ses obligations légales

L'avocat d'André Fort, Maître Benoît de Gaullier, conteste ce que le juge semble présenter comme "une volonté de soustraire Pierre de Castelet à la justice des hommes". Pour lui, André Fort n'a simplement pas pensé qu'il devait saisir la justice après avoir reçu Olivier Savignac, la victime qui avait porté l'affaire à sa connaissance. "Il reconnaît avoir eu une mauvaise analyse de ses obligations légales, et avoir mal interpreté la démarche de cette victime, estimant qu'Olivier Savignac ne semblait pas vouloir que la justice soit saisie, mais que le père de Castelet soit seulement éloigné de tout ministère auprès des enfants"

On entretient la culture du silence dans ces familles traditionnalistes où le prêtre est considéré presque comme l'émanation de Jésus sur Terre

Des explications que conteste l'avocat des trois victimes qui aujourd'hui se sont portées parties civiles face au père De Castelet. Edmond-Claude Fréty, parle lui d'une volonté de se dédouaner de ces obligations. "On fait semblant de ne pas avoir compris, on prétend que c'est à la victime de porter l'affaire en justice, en somme on entretient la culture du silence". Et pour Edmond-Claude Fréty, "si Olivier Savignac n'avait pas fait la démarche de révéler cette affaire, vous n'auriez jamais entendu parler de ce qui s'est passé à Arthez d'Asson en 1993, et cet ancien évêque aurait continué à cacher des choses"

Les victimes attendent que ce procès ait une valeur d'exemple

Maitre Edmond-Claude Fréty qui espère et attend, maintenant, ce procès à Orléans. Notamment pour lancer un message clair, dans ce département du Loiret qu'il décrit comme "très catholique, très pratiquant, avec une tradition johannique". "C'est très lourd, ici, de remuer cette culture du silence, dans ces familles très traditionalistes, où l'on considère le prêtre comme le référent, l'autorité, sans qu'on remette en cause sa parole, et ses actes. Dire que la hiérarchie de l'Eglise peut aussi devoir rendre des comptes, cela peut avoir valeur d'exemple"

Une autre affaire d'agressions sexuelles vise un prêtre du Loiret

D'autant qu'une autre affaire d'agressions sexuelles est en cours d'instruction à Orléans. Elle concerne le père Olivier de Scitivaux, mis en examen en avril 2018 pour une agression sexuelle dans un camp de vacances à Perros Guirrec, dans les années 90 également. "Il faut que les victimes osent parler, il faut briser cette loi du silence dans les familles et dans certains mouvements, comme par exemple les scouts d'Europe"

André Fort a mal agi, il doit assumer ses actes, même s'il n'a pas été le premier à ne pas dénoncer ces faits

Olivier Savignac, celui par qui l'affaire De Castelet a éclaté, espère lui aussi que ce renvoi en justice permettra à André Fort d'assumer ses actes : "il a mal agi en ne dénonçant pas ces agressions, c'est un exemple de cette nécessité de juger l'attitude des supérieurs. Il n'est pas le seul à ne pas ne pas avoir dénoncé ces agressions, les évêques précédents ne l'ont pas fait non plus, mais c'est important que ces faits de non dénonciation soient reconnus"

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