Une étude réalisée dans l’État de Pará, au Brésil, conclut que plus de la moitié des tatous testés étaient infectés par Mycobacterium leprae, l’agent de la lèpre. Ces animaux peuvent transmettre la maladie à l'Homme.

au sommaire


    La lèpre est une maladie causée par la bactérie Mycobacterium leprae qui affecte la peau, le système nerveux périphérique, les muqueuses respiratoires et les yeuxyeux. Elle conduit à des lésions déformant le visage, une faiblesse des muscles, voire leur atrophie, une perte osseuse ; elle est à l'origine d'amputations et de cécités. Les manifestations cliniques varient en fonction des individus, certaines personnes possèdent une immunité naturelle et résistent à la maladie. La transmission entre individus peut se faire par des sécrétionssécrétions nasales.

    Dans les années 1980, la maladie a beaucoup reculé grâce à l'introduction des polychimiothérapies, des traitements efficaces. Alors qu'il y avait plus de cinq millions de cas dans le monde dans les années 1980, l'OMS en a enregistré 214.000 nouveaux en 2016, un chiffre cependant un peu supérieur à l'année précédente. 80 % des cas concernent trois pays : le Brésil, l'Inde et l'Indonésie.

    Le saviez-vous ?

    Le bacille de la lèpre a été découvert en 1873 par un médecin norvégien, Gerhardt Armauer Hansen. La lèpre est souvent appelée « maladie de Hansen » au Brésil.

    Le Brésil enregistre 1,2 cas pour 10.000 habitants, avec d'importantes variations entre régions : moins de 0,2 cas pour 10.000 habitants dans l'État du Rio Grande deldel Sul situé au sud, et plus de 4 cas pour 10.000 dans des États du centre, du nord et du nord-est. La région amazonienne et l'État du Pará ont des taux élevés de lèprelèpre, alors que la densité de la population y est faible.

    La majorité des tatous positifs pour la bactérie de la lèpre

    Le tatou à neuf bandes, Dasypus novemcinctus, peut transmettre la lèpre à l'Homme : cette transmission a déjà été mise en évidence dans le sud des États-Unis, en particulier au Texas, en Louisiane et en Floride. Or ces animaux vivent aussi dans la forêt amazonienne au Brésil, où certains habitants les chassent pour les consommer.

    Carte de la région étudiée. La commune de Belterra se trouve dans l’ouest de l’État du Pará. © da Silva <em>et al.</em>, <em>PLOS Neglected Tropical Diseases</em> 2018

    Carte de la région étudiée. La commune de Belterra se trouve dans l’ouest de l’État du Pará. © da Silva et al., PLOS Neglected Tropical Diseases 2018

    Dans une étude parue dans PLOS Neglected Tropical Diseases, des chercheurs brésiliens et américains ont voulu savoir si le tatoutatou risquait de transmettre la lèpre aux humains au Brésil. Ils ont mené une enquête auprès des habitants d'une petite ville, Belterra, pour connaître leurs interactions avec les tatous : par exemple, est-ce qu'ils chassaient ces animaux, les préparaient en cuisine, les mangeaient... Des anticorpsanticorps contre la bactérie de la lèpre ont été recherchés dans le sang des participants. L'ADNADN a été extrait de la raterate de 16 tatous capturés par des chasseurs locaux. Les scientifiques ont recherché un antigèneantigène spécifique de M. leprae, le PGL-I (phenolic glycolipid I).

    Voir aussi

    La lèpre du Moyen Âge se cache toujours chez les écureuils roux

    Dix animaux, soit 62 %, étaient infectés par la bactérie M. leprae. La majorité des habitants, près des deux tiers, avaient des contacts avec les tatous. Sur 146 personnes étudiées à Belterra, sept avaient la lèpre et 92 personnes, soit 63 % de l'échantillon de population, présentaient des anticorps contre la lèpre, ce qui montre qu'ils avaient été en contact avec la bactérie. Les personnes qui mangeaient le plus souvent de la viande de tatou, plus d'une fois par mois, avaient plus d'anticorps anti-PGL-I que ceux qui en mangeaient moins d'une fois par mois ou pas du tout.

    Par conséquent, les tatous peuvent être un réservoir de la lèpre au Brésil.