Partager
Société

Cour suprême : le droit à l'avortement en danger aux Etats-Unis

réagir
Le juge de la Cour suprême Anthony Kennedy à la Maison Blanche à Washington, le 10 avril 2017
Le juge de la Cour suprême Anthony Kennedy à la Maison Blanche à Washington, le 10 avril 2017
GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives - Eric Thayer

La retraite du juge de la Cour suprême Anthony Kennedy pourrait annoncer la fin du droit universel à l'avortement aux Etats-Unis car le président Donald Trump devrait le remplacer par un conservateur opposé à "Roe v. Wade", la décision légalisant l'IVG au niveau national en 1973.

"Je suis très inquiète. Il y a un très grand risque que +Roe contre Wade+ soit mis en pièces par le prochain juge nommé à la Cour suprême", a déclaré à l'AFP Gloria Allred, avocate spécialisée dans les droits des femmes.

Les neuf sages de la Cour suprême, gardienne de la Constitution, sont nommés à vie par le président américain, sauf s'ils partent en retraite comme le juge Kennedy.

Leurs décisions tranchent notamment sur des questions de société fondamentales comme le mariage homosexuel, les discriminations raciales ou les controverses électorales.

Anthony Kennedy avait été nommé par le républicain Ronald Reagan mais était considéré comme un modéré sur de nombreuses questions dont l'avortement.

Son remplacement probable par un conservateur largement plus "dur" devrait donc pousser la sensibilité politique de la Cour suprême nettement plus à droite.

La sénatrice de gauche Elizabeth Warren voit dans la nomination du futur juge la "bataille d'une vie" qui déterminera l'avenir de la société américaine pour peut-être des décennies.

A l'inverse, les anti-avortement crient victoire, à l'instar de la militante Lila Rose qui anticipe "la fin de l'horrible et immorale décision de 1973".

D'après le cabinet Pew Research, 57% des Américains soutiennent le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), mais 40% --et quasiment tous les évangélistes, mormons, etc-- sont pour son interdiction. Beaucoup ont voté pour le ticket Donald Trump-Mike Pence et continuent de le soutenir en raison de son programme anti-IVG.

Juste avant l'annonce du départ du juge Kennedy, les "pro-choice" venaient d'essuyer une autre défaite: la haute cour a donné tort à la Californie qui imposait à des centres anti-IVG gérés par des groupes chrétiens d'informer les femmes enceintes de leur possibilité d'avorter dans des cliniques subventionnées.

Et le camp progressiste observait déjà une tendance des neufs sages à privilégier de plus en plus les arguments de la droite religieuse au détriment des droits des femmes ou des minorités sexuelles. La Cour suprême a récemment validé les arguments d'un pâtissier qui avait refusé de confectionner un gâteau pour un couple homosexuel.

- Déserts pour l'IVG -

Les exemples abondent de pharmaciens refusant de vendre des médicaments contraceptifs ou abortifs, arguant de leurs convictions chrétiennes.

Les lois locales restreignant l'accès à l'avortement se sont quant à elles multipliées ces dernières années dans les Etats républicains, à tel point que Jennifer Dalven, de l'association de défense des droits civiques ACLU, parle de "déserts pour l'IVG" au centre et au sud du pays.

En Arizona, il faut souvent conduire trois heures pour accéder à la poignée de cliniques le pratiquant à Phoenix. Ce qui nécessite frais de déplacement et de garde d'enfant qui peuvent fragiliser l'emploi et les finances des femmes les plus pauvres et isolées.

Le juge Kennedy avait été crucial pour annuler il y a deux ans une loi texane qui exigeait des cliniques pratiquant l'IVG des équipements dignes de salles chirurgicales hospitalières, ce qui aurait provoqué la fermeture de 75% d'entre elles.

"La Cour suprême n'a même pas besoin d'annuler Roe contre Wade pour rendre l'avortement quasi impossible pour des millions de femmes", remarque Mme Dalven.

Mais comme le prochain juge nommé par Donald Trump est attendu très à droite, il suffirait d'une plainte dans un tribunal local qui remonterait jusqu'à la Cour suprême pour que celle-ci édicte que l'avortement n'est pas un droit constitutionnel, remarque Allison Hoffman, professeure à l'université de Pennsylvanie.

Les Etats les plus conservateurs pourraient alors rendre l'avortement illégal.

D'après Gloria Allred, cela entraînerait un retour "aux années 1950": "Beaucoup de femmes seront forcées de mener leur grossesse (non désirée) à terme" ou de mettre leur vie en danger en avortant clandestinement.

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications