Quand Simone Veil disait : "Le Panthéon, c'est la nation"

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Quand Simone Veil disait : "Le Panthéon, c'est la nation"

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Simone Veil en 2007 lors de l'hommage de la France aux Justes au Panthéon.
Simone Veil en 2007 lors de l'hommage de la France aux Justes au Panthéon.
© Radio France - Nathanael Charbonnier

Un an après sa mort, Simone Veil et son époux Antoine rejoignent le Panthéon, ultime hommage de la Nation à l'ancienne déportée, icône de la lutte pour l'avortement mais aussi grande actrice de l'union européenne. Redécouvrez ce qu'elle avait fait pour que les Justes y trouvent aussi leur place.

Il y a un peu plus de dix ans, Simone Veil racontait à Frédéric Mitterrand sa visite du Panthéon. Invitée de l’émission “Ça me dit l’après-midi”, le 13 janvier 2007 sur France Culture, alors qu’elle allait y inaugurer une plaque à la mémoire des Justes cinq jours plus tard, celle qui présidait la Fondation pour la Mémoire de la Shoah depuis sa création, en 2000, revenait sur sa visite du sanctuaire de la République française, où elle sera inhumée à son tour ce dimanche aux côtés de son époux Antoine Veil .

Simone Veil au micro de Frédéric Mitterrand dans « Ça me dit l’après-midi » 1/2 le 13/01/2007.

1h 07

Ce document d’archive a été enregistré dix ans avant la mort de celle qui fut la ministre de la Santé qui libéralisera l’IVG, mais aussi une des grandes voix qui témoigneront des camps de concentration où elle a passé un an à 18 ans. 

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A l’époque, 2725 Français étaient reconnus officiellement comme faisant partie des “Justes”, ces anonymes qui permirent de réduire le nombre de victimes du nazisme et de la collaboration de Vichy. Ce sont ces particuliers, parfois pas militants d’ailleurs, qui décidèrent de cacher des enfants juifs, ou encore d’aider à s’enfuir des familles fuyant d’abord la zone occupée, puis les miliciens et les nazis qui les pourchasseront jusqu’en zone libre. En Haute-Loire, à Chambon-sur-Lignon par exemple, près d’un millier de Juifs furent ainsi cachés.

Ce village fait exception puisqu’il a reçu, en tant que village, le titre de “Juste entre les nations” depuis que le concept fut fondé en 1953 par le mémorial Yad Vashem, en Israël. 

Avec la plaque inaugurée au Panthéon, Jacques Chirac donnait un surcroît de reconnaissance institutionnelle par l’Etat français de l’intervention inestimable qu’a pu représenter durant la seconde guerre mondiale l’aide de ces Français non-juifs qui luttèrent à leur échelle contre la Shoah et ses 6 millions de victimes. On sait aujourd’hui que 76 000 personnes ont été arrêtées en France pour être déportées. Seulement 2500 d’entre eux, dont Simone Veil, en sont revenus.

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Dans cette archive de 2007, Simone Veil soulignait combien la plaque qu’il allait inaugurer au Panthéon s’inscrivait dans la continuité de l’action de Jacques Chirac, qui restera le premier Président de la République français à avoir reconnu explicitement la responsabilité de l’Etat français dans “l'horreur de ces heures noires qui souillent à jamais notre histoire".

Elle racontait aussi avoir longuement réfléchi : fallait-il inhumer sous la prestigieuse coupole l’un de ces Justes, qui viendrait, individuellement, incarner la totalité de ces Justes, faute de pouvoir tous les rapatrier au Panthéon ? Ou préférer, comme ce sera finalement le cas, une plaque collective pour évoquer le courage de tous à la fois ? Alors que Simone Veil et son mari, Antoine Veil, quittent ce week-end le cimetière du Montparnasse pour la coupole de la Montagne-sainte-Geneviève, à Paris, vous pouvez réécouter la voix de Simone Veil déclarant :

Le Panthéon c’est la nation.

Et pour en savoir plus sur l'inhumation au Panthéon - qui décide, qui on y trouve, et ce que ça raconte sur notre mémoire collective-, redécouvrez ce qu'on pouvait en dire lorsqu'Emmanuel Macron avait annoncé, une semaine à peine après sa mort, que Simone Veil rejoindrait la coupole parisienne :