La Californie: entre rêve et réalités

Détail Une de The Economist ; Silicon Valley,  391 San Antonio Rd, Mountain View ; Extrait DVD de La La Land ;  A. Schwarzenegger à San Francisco , 2004/Getty ; Haight Ashbury, San Francisco, 2004 ; Sans-abri dans la Silicon Valley, Business Inside - Wikicommons, Dicklyon/Getty, S. Sullivan/Business Inside R. Johnson
Détail Une de The Economist ; Silicon Valley, 391 San Antonio Rd, Mountain View ; Extrait DVD de La La Land ; A. Schwarzenegger à San Francisco , 2004/Getty ; Haight Ashbury, San Francisco, 2004 ; Sans-abri dans la Silicon Valley, Business Inside - Wikicommons, Dicklyon/Getty, S. Sullivan/Business Inside R. Johnson
Détail Une de The Economist ; Silicon Valley, 391 San Antonio Rd, Mountain View ; Extrait DVD de La La Land ; A. Schwarzenegger à San Francisco , 2004/Getty ; Haight Ashbury, San Francisco, 2004 ; Sans-abri dans la Silicon Valley, Business Inside - Wikicommons, Dicklyon/Getty, S. Sullivan/Business Inside R. Johnson
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Si la Californie était un pays, elle serait la 5è puissance du monde. Quels sont les enjeux de la fronde anti-Trump et des extrêmes inégalités dans ce très riche et puissant État? Où en est le modèle de la croissance par l'innovation? Comment la Californie peut-elle faire dissidence?

Avec
  • Philippe Guillaud Président du comité CCE pour la région Sud-Ouest des Etats-Unis.
  • Sonia Lehman-Frisch Géographe, professeure à l’Université Paris-Nanterre
  • Lauric Henneton Maître de conférences en civilisation des pays anglophones à l’Université de Versailles Saint-Quentin et chroniqueur au magazine Rolling Stone
  • Yannick Dehée

Philippe Guillaud, entrepreneur et président du comité pour le commerce extérieur pour la région Sud Ouest des Etats-Unis. Ancien dirigeant de start-up, il a co-fondé Muzeek avec André Manoukian. Il vit et travaille à Los Angeles depuis 12 ans. 

Il met en avant les ressorts de la croissance par l'innovation aux Etats-Unis :

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"La Californie et New York ont toujours été les États les plus propices à l'activité économique. Il y a une connivence entre les entreprises et les universités... Un professeur pour l'université, c'est un investissement. Il y a cette collaboration permanente entre le public et le privé, les universités et les entreprises".

Tout en notant certaines problématiques du secteur de la tech, il ajoute :

"Aujourd'hui, il est devenu difficile de trouver des ingénieurs et de les fidéliser. De plus en plus d'entreprises et de start-up mettent tout le développement et la recherche en dehors de Californie pour ne pas se faire voler leurs employés", tandis que "la commercialisation et la levée de fonds" demeurent en Californie.

Sonia Lehman-Frisch (au téléphone, depuis San Francisco), professeure de géographie à l’université Paris Nanterre, membre du laboratoireArchitecture, Ville, Urbanisme, Environnement, elle vient de publier une Sociologie de San Francisco. Elle a également publié l'article " San Francisco, métropole inégale" en 2015.

Elle situe l'impact de la croissance par l'innovation pour San Francisco :

Une étude récente, en 2014, montre que c'est à San Francisco que l'on trouve la population la plus riche des États-Unis et celle la plus pauvre. Cette situation très particulière fait que les inégalités, - qui se situent en haut de l'échelle, sont en très forte croissance. Elles sont liées au développement des hautes technologies qui jusque dans les années 2000 étaient situées dans la Silicon Valley et qui, depuis les années 2010 et 2012, basculent dans la ville de San Francisco. 

Lauric Henneton, historien, maître de conférence à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a notamment publié La Fin du rêve américain, chez Odile Jacob en 2017 et une Histoire religieuse des États-Unis chez Flammarion, en 2012.

En Californie, le vote hispanique est divisé. Pour l'historien, il s'agit d'un "géant endormi" : 

"La mobilisation des Hispaniques est un enjeu considérable, mais il est difficile d'en parler de manière globale, il faut les diviser en générations. D'un point de vue religieux et électoral, ils ne se comportent pas de la même manière. On constate une américanisation de certains marqueurs religieux. Ils abandonnent la catholicisme de leur parents pour devenir évangéliques - donc plus enclins à voter républicain. La Californie centrale est très différente de la Californie côtière. Il y a un grande différence entre San Francisco et Los Angeles et le reste. Le nord montagneux est très républicain. La Central Valley est bien plus pauvre et conservatrice, y vont ceux qui n'ont pas d'argent pour habiter sur les côtes". 

Yannick Dehée, directeur de Nouveau Monde éditions, directeur de la publication du Temps des Médias. Il a co-dirigé Les producteurs : enjeux financiers, enjeux créatifs (Nouveau Monde éditions en 2011).

Il analyse les mutations de l'entertainment américain, des industries du divertissement :

"Dans son histoire, Hollywood a toujours rencontré des crises et su les surmonter. On observe de nouveaux rapprochements et de nouvelles concentrations : le rachat du conglomérat Time Warner, dans lequel on a HBO, par le géant des télécommunications AT&T ; et le rachat par Disney de la 20th Century Fox pour 71 milliards de dollars. On n'est plus dans des fusions mais des méga-fusions. Ces conglomérats deviennent les leaders d'Hollywood et accumulent les licences.

Sonia Lehman-Frisch, Sociologie de San Francisco, 2017 / Lauric Henneton, La fin du rêve américain ?, 2017 / Yannick Dehée, Les producteurs : enjeux financiers, enjeux créatifs, 2017 / Couverture du The Economist du 30 juin au 6 juillet 2018
Sonia Lehman-Frisch, Sociologie de San Francisco, 2017 / Lauric Henneton, La fin du rêve américain ?, 2017 / Yannick Dehée, Les producteurs : enjeux financiers, enjeux créatifs, 2017 / Couverture du The Economist du 30 juin au 6 juillet 2018

Deux femmes de pouvoir en Californie

La revue de presse d'Eric Chol, Directeur de la Rédaction de Courrier International

Deux femmes émergent dans le paysage politique et vont faire parler d'elles dans les prochains mois et les prochaines années. 

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Vidéo de campagne de London Breed pour la mairie de San Francisco.

Tout d’abord, la nouvelle maire de San Francisco, London Breed, démocrate – comme le sont tous les maires de San Francisco depuis 1964. Elle est afro-américaine et a été élue à la tête de la mairie de San Francisco au début du mois de juin. Sa vie n’a pas été qu’un long chemin pavé de roses : entre une sœur morte d’overdose, un frère en prison, London Breed, elle, a réussi à s’en sortir, grâce à l’université, puis en faisant toute sa carrière au sein de la mairie de San Francisco. C’est dire si elle connaît les défis que doit aujourd’hui relever la métropole de Californie du nord, qui est en quelque sorte victime de son succès. Comme l’écrit le San Francisco Chronicle

« London Breed hérite d’une ville divisée »

Car si San Franscisco est devenue la capitale de la technologie mondiale, l’industrie phare est aujourd’hui accusée d’être responsable de tous les maux et, en particulier, du prix faramineux de l’immobilier et des embouteillages.

London Breed a donc déjà un agenda très chargé, et sa tâche sera d’autant plus compliquée que certains lui reprochent sa trop grande proximité avec le secteur de la tech, qui a financé une partie de sa campagne électorale. Or nous dit le journaliste:

« Les habitants de San Francisco, qui autrefois étaient impatients de télécharger la dernière application ou d’essayer un nouveau gadget, en ont assez de jouer aux rats de laboratoire de la Silicon Valley ». 

Nouveaux modes de transport, construction de logement sociaux, nettoyage des campements sauvages dans les  rues et relogement des sans-abri, augmentation du salaire minimum pour les agents de la ville : la nouvelle édile a fait beaucoup de promesses pendant sa campagne.  Il est possible que sa politique heurte le secteur de la technologie, estime le San Francisco Chronicle, qui poursuit : 

« Mais elle doit rester prudente car les start-up pourraient alors être tentées de déménager et de quitter la ville». 

Dans tous les cas, il faudra garder l’œil sur London Breed, car comme l’écrit le journaliste,

« San Francisco est une sorte d’incubateur pour beaucoup de politiques progressistes qui peuvent ensuite être copiées ailleurs en Amérique ».

Il y a une autre femme à surveiller, qui, elle, a des ambitions nationales. Il s’agit de la sénatrice démocrate Kamala Harris, que l’on surnomme déjà l’Obama au féminin. 

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A 53 ans, cette Afro-américaine d’origine indienne s’est faite remarquer il y a quelques jours en répondant à une interview sur la chaîne MSNBC dans laquelle elle n’excluait pas de se présenter aux présidentielles de 2020. En réalité, cela fait déjà plusieurs mois que Kamala Harris,  élue pour la première fois au Sénat en 2016, apparaît comme une rivale potentielle du président Trump, rapporte le site américain The Hill

Très critique à l’égard de la politique d’immigration du président, elle n’a pas hésité à parler de crime contre l’humanité après avoir visité un centre de détention à la frontière au sud de la Californie. 

La sénatrice californienne peut-elle rêver de la Maison Blanche ? 

Oui, répondait en novembre dernier le politologue Allan Lichtman sur le site Quartz, qui voit clairement en Kamala Harris un nouveau visage pour le parti démocrate. « Une femme, qui, à 53 ans, n’est ni trop jeune ni trop vieille pour devenir présidente, elle sait argumenter et élever la voix sans être agressive ». 

Certes, explique-t-il, elle reste très peu connue aujourd’hui, mais finalement comme l’étaient Carter, Clinton et Obama, jusqu’à ce qu’ils explosent politiquement au plan national. 

Quant aux autres ambitions présidentielles, il y a celle du maire de Los Angeles, Eric Garcetti, qui envisage sérieusement de se lancer dans la course, rapporte le site Vox. Sa liste de recommandations de lectures en dit long sur ses intentions. Premier maire juif de la ville et second d’origine mexicaine, il fait l’éloge de l’essai Ce qu’il en coûte : La route vers la Maison Blanche de Richard Ben Cramer. Comme l’écrit Vox, il n’est pas surprenant pour s’engager dans la course à la présidence que ce "grand classique" soit parfaitement adapté à quelques-uns qui s’interrogent sur ce qu’il en coûterait de se lancer dans l’aventure de la Maison Blanche.

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Pour prolonger :

Source complète de la photo d'Arnold Schwarzenegger devant le Golden Gate : SAN FRANCISCO - JANUARY 19. California governor Arnold Schwarzenegger walks by a painting of the Golden Gate Bridge after he delivered a speech at the 19th Annual San Francisco Bay Area Martin Luther King Jr. Community Breakfast January 19, 2004 in San Francisco. Hundreds attended the breakfast in honor of the late Dr. Martin Luther King's birthday. (Photo by Justin Sullivan/Getty Images)

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